9.2.07

Y-a-t-il une gauche ?


Impossible de résister au plaisir de vous livrer quelques extraits de la "Lettre ouverte à Lutte ouvrière, à la Ligue communiste révolutionnaire et au Parti des travailleurs" adressée par le Comité International de la Quatrième Internationale sur son site World Socialist Web Site en avril 2002, entre les deux tours de la présidentielle.

" (...) Il faut que ces nouvelles forces apprennent des enseignements politiques importants. Il leur faut apprendre à ne pas se laisser duper par les mensonges de l'establishment politique bourgeois - la droite gouvernementale et la gauche gouvernementale, ainsi que les médias - qui affirment que voter pour Chirac représente la défense de la démocratie, le salut de l'« honneur » de la France, la création d'« un front antifasciste », et ainsi de suite.(...) Pour lutter contre Le Pen, nous devons correctement diagnostiquer la cause de la maladie politique dont il est le symptôme. La cause du malaise actuel est qu'il n'y a pas d'alternative socialiste aux politiques capitalistes.

Le Pen a profité politiquement et idéologiquement de l'abandon de la classe ouvrière et de ses intérêts par les partis qui déclaraient la représenter. Comme Jospin l'a admis lors de sa campagne, son parti peut porter le nom de « socialiste », mais son programme n'est « pas socialiste ». Le Parti socialiste cherche à administrer, au nom des capitalistes, un État-providence qui n'offre plus de protection sociale, et qui, au contraire, réduit continuellement le niveau de vie et les conditions sociales des ouvriers. Le gouvernement Jospin a pris sur ses épaules d'imposer tous les sacrifices en terme d'emplois et de programmes sociaux qui étaient nécessaires pour établir le système monétaire européen et lancer l'euro.

Quant au Parti communiste, il est depuis des décennies le principal pilier du capitalisme français au sein de la classe ouvrière. Dans la période récente, c'est l'organisation stalinienne qui porte principalement la responsabilité de l'introduction au sein de la classe ouvrière du poison qu'est le chauvinisme anti-immigré. (...)

Ce sont les mêmes excuses qui furent utilisées pour justifier la formation du Front populaire en France en 1936, qui était une alliance du Parti socialiste, du Parti communiste et du Parti radical bourgeois. Le gouvernement du Front populaire, arrivé au pouvoir grâce à l'appui de la classe ouvrière, a fait des pieds et des mains pour désamorcer le mouvement révolutionnaire, qui a pris la forme d'une grève générale massive, et pour sauver le capitalisme français. Une fois le travail accompli, à savoir de retenir, de trahir et de démoraliser la classe ouvrière, il a donné le pouvoir à la droite, ce qui a ouvert la voie à l'effondrement de 1940 et à l'établissement du régime pro-fasciste de Vichy. (...)

Ce qu'il faut retenir du dernier quart de siècle, c'est qu'il est impératif de combattre l'influence politique réactionnaire d'organisations vieillies, dépassées, fossilisées et qui autrefois parlaient au nom de la classe ouvrière. Aujourd'hui ces organisations ne sont plus que des coquilles vides, ne survivant que grâce à une bureaucratie intéressée et grâce aux subsides de l'État.

L'évolution de Jospin lui-même démontre bien les conséquences pernicieuses de décennies d'adaptation à ces vieilles organisations. Il offre l'exemple classique de celui qui a voulu utiliser les principes politiques et la réputation historique de Léon Trotski pour couvrir son opportunisme. Sa carrière politique s'est terminée par une démission honteuse, en abandonnant littéralement ses responsabilités politiques au moment même où les plus graves dangers menacent la classe ouvrière. (...)

Il y en a qui ne mâchent pas leurs mots.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

effectivement, il y en a qui ne machent pas leurs mots, mais est-ce une surprise dans la réthorique de droite. Système "vieilli", "has been", "inique", que sais je encore c'etait la grande constante de le réthorique des hommes politiques et médias de droite pendant toutes les dernières élections politiques quand ils parlaient de la gauche. La droite aime bien utiliser cette réthorique quand ils parlent de la gauche, alors qu'eux sont censés représenter la modernité évidemment. On sent comme un auto plaisir coupable à utiliser ces mots. Tout ça c'est politique au sens premier du terme. Le texte que tu cites est politique et ton blog est politique aussi. Tout dans ton site transpire la politique et le parti pris, même si c'est enrobé dans un joli paquet avec tous pleins de bons mots qu'on comprend pas pour faire la personne sérieuse qui parle avec un ton objectif, froid et distancié. C'etait bien essayé quand même, à un moment donné j'y ai presque cru.

Blops a dit…

Hebin ! Quelle volée de bois vert ! Voilà un commentaire qui appelle une réponse.

D'abord, il n'y a aucun rapport entre la réthorique de droite et le contenu de ce post, puisque ce message émane d'un organisme de gauche, très à gauche du PS même. Que la droite ait accusé la gauche d'être has been, c'est un autre problème, et c'est évidemment un pseudo-argument, de même que s'auto-proclamer chantre de la modernité.

Ce texte est bien évidemment politique, mon blog aussi, il n'y a pas de doute à avoir. En revanche,je ne peux pas te laisser dire que mon blog transpire le parti pris, pour la simple raison que je n'ai pas de parti pris. J'ai des questions et des interrogations.

Aujourdhui, à deux mois des élections, ma position serait plus de voter en faveur de Bayrou, mais je ne suis pas catégorique. A-t-il la dimension nécessaire ? Peut-il impulser les réformes, une nouvelle dynamique pour le pays ? Je n'en suis pas certain, et j'essaie de trouver des éléments de réponse dans son action passée, ce qui fera l'objet d'un prochain post d'ailleurs.

Quand à Ségolène Royal, j'ai une aversion profonde pour son compagnon qui incarne à mes yeux tout ce que la politique à d'inutile et de malsain, mais elle peut représenter une chance pour le pays. Après tout, pourquoi pas ? Un électrochoc, la fémninité au pouvoir pourrait provoquer une nouvelle donne. Il ne faut pas s'interdire de le penser, il faut soupeser le problème au delà des "petites phrases" déstabilisatrices. Il est clair qu'elle fait de la politique d'une façon différente, il est clair qu'elle est différente, la vraie question est : peut-elle réussir ?

Je l'ignore, et pour le moment je sais simplement que le PS n'est pas en ordre de marche derrière elle. Ces dissenssions sont inquiétantes, car on ne peut gouverner seul.

Enfin, Sarkozy a parfois de bonnes idées,parfois de très mauvaises (comme tous les candidats en réalité) mais il me paraît simplement désireux d'obtenir le pouvoir. Je crois que c'est un nouveau Jacques Chirac. Si c'est le cas, comme je le pense, il ne fera pas grand-chose pour le pays, il ne se passera pas grand-chose car il se bornera à quelques mesures tape-a-l'oeil, et préservera avant tout la continuité.

Si on regarde le septennat et le quinquennat de Chirac, que s'est-il passé ? Rien de bien fabuleux. On a continué sur la lancée. Or j'ai envie que les choses changent. Donc si je devais voter aujourd'hui, je ne choisirai pas Sarkozy.

Quoiqu'il en soit,il reste deux mois avant les élections, et je peux changer d'avis. En attendant, je m'informe et je communique mes impressions sur ce blog. Le parti pris, donc, si tu l'as trouvé, c'est peut-être parce qu'il était au fond de ton oeil.