31.1.07

Tout savoir sur les impôts


Manicore.com, c'est le très intéressant site de Jean-Marc Jancovici sur les sujets écologiques qu'il affectionne, ou comment décrypter les discours des candidats à la présidentielle.

On y trouvera aussi un excellent article très bien rédigé en termes simples et clairs sur le pourquoi de l'impôt, et le déficit de l'Etat, l'hypothèque que cela représente sur l'avenir. Véritablement instructif. Bravo. Un tout petit extrait :

Peu de mes concitoyens savent en effet que l'Etat perd aujourd'hui 20% de son chiffre d'affaires tous les ans, c'est-à-dire que quand le budget national dépense 100, il encaisse seulement 80 sous forme d'impôts et de taxes, le reste étant financé par augmentation de la dette, et que cette dernière mobilise une part croissante des ressources budgétaires pour le seul paiement des intérêts.

Souvenirs écologiques



Petite recherche dans les archives de l'assemblée nationale.

Depuis 1988, combien de questions relatives à l'environnement ont-elles été posées par l'un des 3 candidats principaux ?


1988-1993 1993-1997 1997-2002 2002-aujourd'hui
Ségolène Royal 0 1 non élue 0
Nicolas Sarkozy 0 0 0 non élu
François Bayrou 0 non élu 0 0
Tous députés 125 109 47 424


Ségolène Royal remporte donc apparemment le match de la sincérité écologique. En plus, elle a posé une seconde question en 1988, relative à une obscure ligne hertzienne en Poitou-Charentes (déjà). Sa première question, elle, était relative à une convention encore plus obscure.

Pour être tout à fait juste, Bayrou a posé tout de même une question relative à ce sujet, et pas si anodine que cela (bien que les mots-clefs de l'Assemblée ne l'indiquent pas) puisqu'il s'agissait de l'exonération de taxe sur les biocarburants. Une idée qui est encore au goût du jour, quinze ans plus tard.


Note aux points

Ségolène Royal : première
François Bayrou : second
Nicolas Sarkozy : disqualifié

Note Technique
François Bayrou : premier
Ségolène Royal : seconde
Nicolas Sarkozy : disqualifié.

30.1.07

François Bayrou jette le voile


Ancien ministre de l'éducation nationale, le ténor de l'UDF a quelques idées sur la laïcité et l'islam. Et elles ne datent pas d'hier. Il avait reconduit la circulaire Jospin en 1993, avant de la durcir en 1994 pour éviter le port de signes religieux ostentatoires.

Il explique ici ses positions vis-a-vis de la laïcité en général, et de l'islam en particulier. Morceaux choisis d'un exposé datant de 2003.

(...)

Ainsi, nous sommes dans un pays unitaire, et au cœur d’une civilisation unifiée par sa logique profonde. C’est pourquoi les risques d’éclatement sont particulièrement déstabilisateurs et créent des tensions extrêmement forte.

Et cela nous éclaire sur le vrai visage de la laïcité française.

La laïcité française, terme intraduisible dans les autres langues, même européennes, qui en approchent la traduction avec beaucoup de méfiance : ils disent humanisme, ils disent sécularisation.

La laïcité française, c’est le patrimoine commun de principes et de conviction qui fait le ciment et l’essence de notre civilisation, au-delà des dogmes différents, des religions différentes et des histoires différentes.

La laïcité, c’est le peuple.

La laïcité, ce n’est pas la neutralité, malgré les affirmation simples, de Renan par exemple. La laïcité, ce n’est pas un ensemble vide.

La laïcité dit respect. " La République respecte toutes les croyances ". " Tout homme a droit au respect de ses convictions, même religieuses ". Et Jules Ferry dans l’admirable lettre aux instituteurs : " demandez-vous si… "

(...)

Bayrou : de la suite dans les idées ?


Juin 1996 : l'université est en crise et tient des Etats Généraux pour chercher des solutions. François Bayrou est ministre de l'Education nationale. On verra, dans l'extrait ci-dessous, qu'il n'a finalement pas beaucoup varié en dix ans.

"(...)

Je viens d'employer le mot "national". Ces états-généraux n'ont fait que me renforcer dans la conviction qu'il y avait une idée française et républicaine de l'université, comme il y a une idée française et républicaine de l'éducation nationale. Cette idée est si profondément ancrée dans l'histoire et la mémoire, consciente ou inconsciente, de notre peuple, que toutes ces réflexions hâtives qui voient toujours l'herbe plus verte dans le pré du voisin, et qui rêvent naïvement d'imposer a la France le modèle universitaire américain, anglo-saxon ou allemand, sont par avance vouées a l'échec. Je le dis a la Sorbonne : un pays qui a invente l'université n'a pas a aller chercher ailleurs son modèle universitaire : il lui suffit de se réconcilier avec son propre modèle et sa propre histoire, d'en assumer la fierté, d'en affirmer les conséquences, d'en vouloir la cohérence et de comprendre que pour peu qu'il soit cohérent, alors c'est le monde entier qui regardera vers la France pour adapter son propre modèle.

Parlant de l'université française et de la République, je veux tracer encore une ligne directrice de l'entreprise de reforme. Une des conditions de sa réussite, c'est qu'elle n'appartienne à personne d'autre qu'a ceux qui devront la faire vivre. Ni a une force politique, ni a un ministre. Elle n'est le bien de personne. Elle n'a pas été préparée de manière personnelle ou partisane. Elle ne sera pas revendiquée de manière personnelle ou partisane. Il est vital que la société française reconnaisse des sujets d'ou l'on décide, par sens civique, que la politique partisane doit se trouver mise entre parenthèses. Cela permettra peut-être aux Français de découvrir à cote de que ce qui les sépare, qui existe, et est parfaitement honorable, un peu de ce qui les rassemble et qui est si important. Et c'est pourquoi aussi, loin des polémiques stériles et qui font sourire les Français sur la compétition des héritages, je m'efforcerai de noter chaque fois que possible, les bonnes décisions, les bonnes orientations, les efforts qui reviennent a mes prédécesseurs, quelle que soit la majorité a laquelle ils aient appartenu. Ce sera un gage de la continuité qui doit marquer l'œuvre nationale d'éducation.

29.1.07

Une bande dessinée salutaire


Je referme à l'instant "Objectif Elysée : les coulisses de la présidentielle en BD", sur un scénario de Guy Birenbaum et des dessins de Samuel Roberts.

C'est une bande dessinée publiée au Seuil, qui relate -avec un certain humour- tous les coups bas, les alliances et les mésalliances qui ont parsemé cette campagne politique présidentielle, depuis l'affaire Clearstream jusqu'à l'affrontement Hollande-Royal, en passant par la visite de Sarkozy dans les banlieues.

C'est drôle et c'est cruel, et c'est surtout très vrai. Lisez-le.

Le blog de Guy Birenbaum.

Présentation : Broché - 328 g - 22 cm x 27 cm
ISBN : 2020876329 - EAN : 9782020876322
prix : environ 12 €

26.1.07

Nicolas Sarkozy, un homme de précision


On va le voir, le candidat de l'UMP aime rentrer dans les détails, fussent-ils insignifiants. C'est en tout cas ce que montre le site de l'assemblée nationale précédemment évoqué. On peut y lire les questions suivantes :

- fin 2000, Nicolas Sarkozy demande au ministère de l'intérieur de lui préciser si un candidat aux prochaine élections municipales peut utiliser plusieurs couleurs pour les caractères d'un bulletin de vote.

- toujours en 2000, il souhaite savoir si le Gouvernement entend baisser le taux de TVA appliqué à la margarine.

- En 1999, Nicolas Sarkozy demande au ministre de l'éducation nationale de reconnaître officiellement la langue des signes comme option de langue au baccalauréat, au même titre que les langues étrangères, régionales et anciennes.

- 1997 : il attire l'attention de M. le ministre de l'economie et des finances sur les difficultés que les personnes agées de plus de soixante-dix ans ont pour obtenir des prêts aupres des établissements bancaires.

- En 1993, l'éminent parlementaire, constatant qu'un visa ne peut pas être apposé par une ambassade etrangere sur un passeport francais qui est a moins de trois mois de sa date d'expiration. Or, cette obligation de renouvellement ou de prolongation avant la date d'expiration n'est pas mentionnée sur le passeport. Il lui demande s'il n'estime pas nécessaire que cette disposition soit clairement indiquée sur le passeport.

Sur la question du passeport, le ministre n'a pas répondu. Néanmoins, mon passeport modèle 2004 indique que "le titulaire doit s'assurer que son passeport possède une durée de validité suffisante". Ouf.

C'est tout de même rassurant de savoir que les députés sont là pour veiller au bon déroulement des tâches complexes.

De la réalité au rêve




Tous les hommes politiques mentent. C'est un fait. Pour être élu et promouvoir ses idées, il faut de la démagogie, des solutions toutes faites, des promesses, du vent. C'est normal. Mais point trop n'en faut.

J'ai relu ce matin une interview de Ségolène Royal sur RMC par Jean-Jacques Bourdin, le 8 novembre dernier. Un point retient mon attention, lors des questions d'auditeurs :

Jean-Jacques BOURDIN
Régularisation des sans-papiers, oui ou non, vous demande Philippe ?

Ségolène ROYAL
(...) la meilleure façon de lutter contre l’immigration clandestine c’est d’assurer le développement des pays d’origine. Je suis allée récemment au Sénégal, d’où partent les jeunes qui se noient en pirogue, rencontrer les mamans, il y avait là une centaine de femmes qui toutes avaient perdu un enfant dans cette immigration de la misère. Et elles demandaient des moyens très simples, pour pouvoir faire du développement économique, de l’agriculture, de la pêche, du sport, enfin tout était demandé, il n’y avait rien. Je me demandais où passait l’argent de l’aide au développement. Et donc je veux réformer en profondeur, l’aide au développement pour qu’il aille directement aux gens qui en ont besoin, en contournant là aussi, les filières administratives, les pesanteurs, dans certains pays, la corruption, qui détourne l’aide au développement. Il faut vraiment s’appuyer, en particulier sur les femmes, je crois que si on s’appuyait beaucoup plus sur les femmes, notamment dans les pays africains. Je crois que l’argent serait bien utilisé, parce que ce qu’elles ont envie, c’est que leurs enfants soient bien élevés, bien éduqués, et qu’ils trouvent dans leur pays à s’épanouir et à trouver des activités et des emplois.

Cette déclaration peut paraître juste et bonne. Elle rejoint d'ailleurs les positions de l'ultra-libéral Paul Wolfowitz, nommé par Georges Bush à la tête de la Banque Mondiale et surnommé "le faucon de Washington".

Mais outre la partie larmoyante sur les femmes qui ont perdu un enfant, cette idée de "réforme en profondeur" est purement utopique. Le continent africain, que je connais beaucoup mieux que Ségolène Royal, pour y avoir vécu plusieurs années, souffre de maux profonds dont une simple réforme franco-française ne peut venir à bout.

Il s'agit d'un délicat équilibre politique et économique, dont la France n'est pas le seul partenaire. Dans le cas du Sénégal, le président Abdoulaye Wade négocie depuis plusieurs années avec les USA, la Chine et le Maroc qui lui ont octroyé des subsides et des aides de belle ampleur. Il est donc faux de prétendre qu'il n'y a rien, et quel que soient les échecs ou les insuccès de la politique de Wade, c'est une politique qui avance.

Le rôle de la France en Afrique baisse de jour en jour, et après tout pourquoi pas ? Mais dans ces conditions, aucun gouvernement français ne peut modifier l'aide au développement, s'il s'agit de court-circuiter les instances, les administrations locales et l'autorité souveraine des pays concernés. Pour être pauvres, les Africains n'en sont pas moins fiers, quand aux mécanismes de l'aide publique française au développement, ils ne sont pas si simples. Loin de là.

Dans un document passionnant paru en 2006, trois spécialistes de la question ont étudié les carences de l'aide française, et proposé des moyens d'y remédier. Mamdame Royal devrait lire cet ouvrage plutôt que de pilonner des thèses inapplicable sur un sujet qu'elle méconnaît. De plus, prétendre que la solution vient des femmes, dans des pays ou elles sont encore bien souvent considérées comme inférieures à l'homme, c'est irréaliste et probablement dangeureux pour elles.

Tout cela relève de la démagogie et du simplisme.

Laissons l'Afrique comme elle mérite d'être, debout et face à l'avenir, et répondons aux questions de l'immigration et de l'aide par des méthodes concertées avec les gouvernements en place et les ONG.

La critique est un art


Petit tour sur le site http://antisarko.net. La réalisation technique est agréable, bien que la navigation ne soit pas idéale, mais deux aspects me frappent.

- Pourquoi le matériel de campagne se retrouve-t-il groupé sous l'appelation "matos" ? Ce "jeunisme" me paraît inutile : on peut avoir 40 ou 50 ans, être contre Sarkozy, et vouloir utiliser correctement la langue française - au moins à l'écrit. Bon, d'accord, c'est un point de détail, irritant tout de même.

- Plus grave : la sélections de "petites phrases" de Sarkozy est tout à fait pathétique. C'est à se demander si le site n'est pas, en réalité, un sous-marin de l'UMP. Tout simplement parce que la plupart de ces phrases sont assez factuelles et n'ont rien de révolutionnaire, qu'il s'agisse de délinquants multi-récidivistes dont on souhaite,évidemment, que leur comportement soit pris en compte par la justice ou par des instances spécifiques; ou de médecins étrangers dont il est souhaitable, évidemment, que le diplôme soit validé ainsi que leur connaissance de la langue française.On peut difficilement défendre une position contraire.

Décidément, la critique est un art difficile.

S'opposer, oui, mais avec intelligence


En parcourant les blogs d'opposition aux candidats, on tombe parfois sur la médiocrité la plus totale. Un des champions dans ce domaine, c'est le blog anti-sarkozy www.toutsaufsarkozy.com. Les articles sont fondés sur des opinions et des sentiments plus que sur des faits, et toute la palette de la dialectique la plus médiocre se trouve déclinée.Tout y passe, des attaques sur le grand-père de Sarkozy aux railleries sur ses origines hongroises jusqu'aux comparaisons indignes.

Témoin celle-ci : si Sarkozy était élu, " la France ressemblerait à l'actuelle Somalie, pays livré à l'affairisme des clans et des milices, à la loi du plus fort et à l'arbitraire des marchands de canon".

C'est bien mal connaître la Somalie. Et la France.

Se demandant si Sarkozy à la carrure d'un homme d'Etat, notre blogueur répond spirituellement "Que l’on ne s’y trompe pas, le candidat du CAC 40 n'en a ni la carrure (1m62 sous la toise) ni les qualités mentales (migraineux, exalté et impulsif."

Au delà de la regrettable confusion entre "carrure" et "taille", c'est un peu comme si on accusait Ségolène Royal d'être une femme, et pire, une brune. Cela ne ferait pas peur aux rédacteurs du blog en question, qui semblent également mêler à leur prose haineuse un anti-sémitisme à la limite de tomber sous le coup de la loi.

Soyons sérieux. S'il faut contredire, scruter, analyser, faisons-le avec justesse, et pas avec des pseudo-arguements d'escroc.

Homme politique : carrière ou pas ?


Les discussions politiques qui animent ces temps derniers les tables de café, les taxis ou les dîners en ville sont consacrées pour leur majorité à la personnalité apparente des candidats, à leur programme et à leur petites phrases.Cela se conclut souvent par une phrase fataliste du type "de toutes façons, ils sont tous pourris".

Un honorable correspondant nous fait remarquer que dans certains pays, être homme politique est une profession. A part entière. On choisit de devenir politicien comme on serait notaire ou chef de rayon. Mais pas en France. Dans notre beau pays, il faut avoir un autre métier, être médecin ou cadre chez EDF, voire facteur, et ensuite seulement endosser des responsabilités politiques. Le français moyen pense donc être en droit de critiquer Ségolène Royal et son concubin qui sont payés "avec l'argent des contribuables", et fort bien payés, estime-t-on. Notre correspondant fait cependant valoir que, compte tenu de leur niveau d'études ils seraient bien mieux payés dans le privé, et donc que s'ils font de la politique c'est tout de même parce qu'ils ont une certaine idée de ce que le pays doit être. Si la fortune était leur seul moteur, ils ne seraient pas là. Donc, la politique c'est leur métier, ils l'on choisi. Tant mieux : il vaut mieux, finalement, voter pour un professionnel que pour un amateur.

L'argumentation se tient et vaut pour tous les candidats qui n'ont fait que de la politique depuis leur tendre jeunesse, qu'ils s'appellent Royal ou Sarkozy.

On pourrait toutefois ajouter qu'un candidat spécialiste en politique c'est bien, mais que connaître les réalités du terrain est aussi une bonne chose. Les politiciens purs sont probablement assez éloignés du quotidien populaire. Seuls les petits candidats tels que José Bové ou Olivier Besancenot et peut-être aussi François Bayrou, savent ce que tenir un manche de pelle veut dire. Sarkozy et Royal sont, à ce jeu-là, foncièrement désavantagés. Car il n'est peut-être pas inutile, pour corriger une situation, de la connaître par le vécu.

25.1.07

Quand François Hollande découvre la politique.



Repérée sur l'amusant blog j'aime pas les riches, cette vidéo de François Hollande lui permet de s'expliquer sur sa phrase "j'aime pas les riches" prononcée au cours d'une émission de télévision et largement relayée par internet .

Quelques perles, soulignées en bleu :

- Est-il vrai que vous n'aimez pas les riches ?
- François Hollande : Mais moi je n'en veux pas aux personnes. Ils ont le droit d'être riches, comme d'autres n'ont pas le droit d'être pauvres. Mais je pense qu'on ne peut pas aider les riches, comme on le fait aujourd'hui avec la politique fiscale des gouvernements Raffarin et Villepin, c'est-à-dire aboutir à ce que des baisses d'impôts puissent être accordées aux plus riches, ça je ne peux pas l'accepter. Ne pas aimer une politique fiscale ce n'est pas décourager les riches, c'est au contraire faire qu'il y ait une morale dans le pays qui soit respectueuse du travail. (...) [ndlr : la vidéo est coupée avant la question suivante, dans laquelle l'intervieweur tutoie désormais Hollande. C'est que le courant passe]

- Tu crains une campagne dure ?
- FH : Je crains une campagne non pas par des nouveaux moyens de technologie, c'est bien que ces blogs existent, mais qui soit une campagne de désinformation. On prend une phrase, on la détache de son contexte, on dit "ben vous voyez, il n'aime pas les riches". Remarquez je risque de ne pas me fâcher avec beaucoup de monde, si j'avais dit comme d'autres "je n'aime pas les pauvres" ça aurait été plus inquiétant, mais on prend une phrase, on la détache de son contexte, et puis on en fait un instrument de propagande qui devient progressivement force de vérité. C'est pour ça que c'est très important, nous, de démystifier, de montrer qu'il y a là comme une manipulation mais de ne pas tomber nous-même dans ce type de procédés, car je crois qu'on perdrait là notre propre nature.
(fin)

Il l'affirme bel et bien : François Hollande n'a jamais utilisé de petite phrase assassine, de propos détournés de leur contexte, de propagande. Un tel angélisme serait à saluer, s'il était crédible, mais aucun homme politique ne peut monter au sommet sans écraser ses concurrents. Les petites phrases sont une arme politique comme d'autres, qu'on soit de droite ou de gauche. Le pouvoir ne se conquiert pas avec des gants de soie, mais avec des gants de boxe. Et il le sait mieux que quiconque.

Mais ce qui est surtout à saluer dans les propos de Hollande, c'est la formulation. Son sens de la dialectique floue est sans pareil : il inverse les arguments avec la facilité d'un bateleur.
Le très logique Je suis socialiste > donc je ne veux pas aider les riches >donc je n'aime pas une politique fiscale qui les favorise >ce qui aboutira à une morale respectueuse du travail devient un imbroglio de concepts qui se veut rassembleur "j'aime les pauvres, les riches et le travail".

A preuve, dans la partie de l'interview qui n'est pas retranscrite ici, Hollande évoque les patrons qui s'enrichissent "sur le dos de leur société,actionnaires comme salariés" et tente ainsi de rassembler à la fois les salariés chers à Arlette, et les bourgeois capitalistes qui détiennent des actions.

Ne parlons évidemment pas de cette magnifique phrase sur les riches, les non-pauvres, les pas-ayant droit et la double négation du contraire de tout.

Tout cela est inquiétant, à la fois pour les riches (dont il fait partie) et pour les pauvres (dont je fais partie).

Paroles, paroles, encore des paroles


Le site de l'Assemblée Nationale consacré aux questions posées par les députés donne quelques informations intéressantes. Si l'on prend en compte toutes les questions (écrites et orales) :

- Au cours de la IXème législature (1988-1993), Ségolène Royale a posé 112 questions sur les 70 670 questions qui ont été posées par les députées. C'est à peu près 0,15 % du total des questions. ( N. Sarkozy : 56 questions. F. Bayrou : 133 questions.)

- Au cours de la Xième législature (1993-1997) , elle s'enhardit et pose 256 questions sur un total de 55 068 pour tous les députés, soit 0.46 %. (Nicolas Sarkozy : 20 questions. François Bayrou n'était pas député.)

- Au cours de la XIème législature (1997-2002), elle n'est pas député. (Nicolas Sarkozy pose 82 questions, François Bayrou en pose 4 sur un total de 81307)

- Au cours de la XIIème législature (depuis juin 2002) il y a eu jusqu'à présent 121 937 questions.
Ségolène Royal en a posé 320. C'est seulement 0.26 % des questions, mais tout de même 25% de plus que lors de son second mandat et surtout 285 % de plus que lors de son premier mandat de député. Un score absolument remarquable. Bon, c'est vrai, les questions ne sont pas toujours fondamentales, mais le travail du député est ingrat, n'est-ce pas ?

Quoi qu'il en soit, on ne peut que saluer la capacité de Mme Royal à rédiger ou faire rédiger des questions écrites, qu'elle transmet ensuite par son suppléant ou par l'huissier de l'assemblée. Pour un député aussi peu présent à l'assemblée, c'est une belle preuve de vigueur.

Ou d'envie politique.

L'hyperactive madame Royal


Amusant, cet article de Vincent Nouzille dans l'Express du 28 septembre 2006.

On y apprend que Ségolène Royal n'est intervenue que sept fois à l'Assemblée Nationale depuis deux ans, (janvier 2004), ce qui la place dans les députés les moins actifs : 81 % des députés font mieux. Une petite recherche sur le même site nous apprend que Jack Lang fait moins bien (1 intervention), et qu'il reste beaucoup de travail à Mme Royal pour approcher le premier député socialiste par le nombre d'interventions, Jean-Marc Ayrault, qui s'est exprimé 28 fois plus qu'elle. Elle réussit même à se faire doubler par Edouard Balladur (12 interventions), dont le dynamisme n'est pourtant pas la qualité la plus apparente.

Toujours dans le même article, on apprend aussi que sa déclaration la plus récente en séance remonte au 15 février 2005, pour critiquer le projet de loi d'orientation sur l'école. C'était il y a deux ans.

On apprend enfin qu'elle a déposé en mai 2003, une proposition de loi sur la prévention des violences faites aux femmes, mais que, à peine deux ans plus tard (novembre 2005), elle n'a pas participé aux débats parlementaires qui ont précédé l'adoption à l'unanimité d'une proposition de loi de lutte contre les violences conjugales rédigée par le sénateur socialiste de l'Aude Roland Courteau.

On découvre aussi qu'elle préside depuis 2003 un groupe d'étude sur les droits de l'enfant créé à son initiative, mais qui ne s'est pas réuni depuis 2004.

L'article expose ainsi une série d'éléments qui tendent tous à montrer que l'activité d'élue nationale de Mme Royal ne semble pas l'avoir beaucoup préoccupé.

24.1.07

Les Français et l'origine du consensus


Hommes et femmes politiques de tout bord utilisent fréquemment une expression du type "les Français veulent ceci, les Français pensent cela".

Mais dites-moi : l'INSEE estime la population de la France métropolitaine et des départements d'outre-mer à 63,4 millions de personnes au 1er janvier 2007.

Il faut bien que toutes ces personnes aient une convergence de pensée formidable, pour que les politiciens arrivent à la décrypter avec une telle aisance.

C'est curieux. Mon voisin veut que je taille ma haie, pas moi. Lorsque je veux voir un film, ma femme en veut un autre. Mon fils veut jouer à la console, ma fille à la poupée. J'aime l'Angleterre, ma femme la déteste. Je suis inscrit sur les listes électorales, pas mon meilleur ami. Je considère que l'immigration est une chance, mon boulanger pense le contraire. Je trouve que je gagne correctement ma vie, mon voisin qui gagne le double se trouve pauvre.

Comment font les hommes politiques pour arriver à s'y retrouver, pour dégager avec une telle aisance cette pensée commune qu'ils nous révèlent ensuite ?

Facile. Si je pense noir et mon voisin blanc, l'homme politique estime que nous pensons gris.

C'est aveuglant de simplicité.

Ségolène Royal, rupture ou continuité ?

De nombreux électeurs de gauche attendent de Mme Royal qu'elle incarne une rupture par rapport au septennat et au quinquennat de M. Chirac, qui ne laissera probablement pas une très grande trace dans l'histoire.
Les différentes polémiques qui émaillent la campagne électorale sont principalement axées sur les erreurs, les bourdes ou les petites phrases calamiteuses des uns et des autres. A cet égard, ce blog n'est pas une exception.

Mais l'analyse du passé des hommes politiques en dit bien plus. Et l'analyse du passé de Mme Royal met en lumière un fait évident : elle ne peut en aucun cas incarner la rupture.

Pourquoi ?
Tout simplement parce qu'elle est avant tout une technocrate.

Qu'est-ce qu'un technocrate ? C'est un responsable politique ou haut fonctionnaire qui fait passer les données techniques ou économiques avant les facteurs humains.

Madame Royal a été formée à l'Institut d'Etudes Politiques puis elle à fait l'Ecole Nationale d'Administration, dont elle est sortie en 1980, à une époque ou cette institution n'avait subi aucune des réformes qui ont essayé depuis- avec un très léger succès- de la mettre plus en phase avec la vie réelle.

C'est dire que la formation de Ségolène Royal est celle d'un "haut commis de l'état", qui a fait d'elle un administratif pur moulé selon les principes des années 50, pour être poli. Elle n'a pas de contact avec la réalité, elle ne sait pas ce que c'est que de travailler dans une entreprise, d'être syndiqué, d'avoir des horaires contraignants pour un salaire de fin de mois parfois précaire. Elle est installée à vie dans le circuit des administratifs, et s'est fait parachuter en politique pour avoir un avenir. Cela montre son ambition personnelle, parfaitement légitime.

Ségolène Royal fait partie d'une espèce en voie de disparition. L'espèce de ceux qui ont profité intelligemment d'un système d'éducation aujourd'hui obsolète, dont les élèves ne visent pas l'intérêt commun mais la perpétutation d'un status quo bien pratique pour eux, et qui sont en grande partie responsables de la situation de la France aujourd'hui.

Ségolène Royal est une personne de dossiers, d'études, de commissions. Comme en témoignent ses différents postes ministériels : elle n'a été véritablement ministre qu'une seule fois pendant moins d'un an. (il s'agissait d'un ministère à l'époque jugé mineur : celui de l'Environnement). Ses autres portefeuilles étaient des sous-portefeuilles de ministre délégué, c'est à dire d'adjoint, et encore une fois dans des ministères relativement mineurs en termes d'impact politique sur la nation (Famille, Enfance, Education..)

Pourquoi ses pairs, ceux qui la connaissent le mieux, ne l'ont-ils jamais considérés pour un poste de plus haut niveau ? Justice, Intérieur, Défense, Budget, ou même Premier Ministre ? Simplement parce qu'elle n'est pas un décideur, ni un stratège, encore moins une femme d'Etat au sens noble du terme; comme pouvaient l'être un Guy Mollet, un de Gaulle, un Jaurès, un Clémenceau : des personnages qui avaient une certaine idée du service de la nation et du peuple, qui avaient une foi dans la république.

Ségolène Royal n'a pas de foi, elle a des chiffres. Elle n'a pas de credo, mais des dossiers. C'est une gestionnaire, mais pas une Présidente.

Technocrate elle est, technocrate elle restera.
Lorsqu'elle se plonge dans un dossier, elle peut le faire avancer sur des points précis, avec la belle énergie d'une horloge franc-comtoise comme le font tous les énarques. Mais lorsqu'elle ne l'a pas étudié pendant des heures, et quels que soient les conseils que son entourage peut lui prodiguer, elle est perdue et tente d'écouter son instinct. Malheureusement, l'instinct ne s'apprend pas à l'ENA. D'ou les erreurs, approximations et bourdes qu'elle commet trop souvent.

La France ne peut plus se gouverner à grandes lectures de dossiers. La France a besoin d'un homme, d'une femme qui connaît le peuple, qui connaît sa réalité au quotidien, qui l'a déjà partagée. Ségolène Royal n'est pas celle-là.

Dommage. Beaucoup de citoyens auraient aimé qu'une femme soit Présidente de la République. Celle-là n'en a décidément pas l'envergure.


23.1.07

Une présidente virtuelle ?



Ségolène Royal vient tout récemment d'inaugurer un bâtiment virtuel dans un jeu vidéo intitulé "Second Life".

L'idée pourrait paraître amusante, surtout lorsque la candidate socialiste déclare que ce bâtiment " vient d’être construit avec les normes Haute Qualité Environnementale(...)"

Qu'est-ce que la "Haute Qualité Environnementale" (HQE) ? C'est une marque déposée et une démarche volontaire qui vise à "'offrir des ouvrages sains et confortables dont les impacts sur l’environnement soient les plus faibles possibles", selon le site de l'association propriétaire de la marque.
Mais ce n'est pas une norme. En tous cas pas avant longtemps. Le site de l'association internationale de normalisation (ISO) indique que la prochaine réunion du comité chargé d'étudier la question aura lieu en Corée en octobre 2007 !

Quoi qu'il en soit, cette démarche HQE impose un certain nombre de points, tels que la gestion de l'eau, le confort acoustique, la qualité de l'air, la gestion des déchets d'activité, le choix multicritère des produits de construction...
Toutes sortes de choses qui n'existent pas dans le monde en 3D purement virtuel du jeu Second Life. Une simulation sans eau, sans nuisances sonores, sans air, etc.

La conclusion ?
Soit Ségolène Royal ne sait pas ce que c'est qu'une norme, ne sait pas de quoi elle parle et ne fait pas la différence entre la réalité et la fiction. Soit c'est de la démagogie pure et simple. Rappelons que la démagogie, c'est d'essayer de dominer le peuple en feignant de soutenir ses intérêts pour s'assurer ses faveurs.

Liens
Le message de Ségolène : http://www.dailymotion.com/swf/1GZ0KZDh20Cec6URy
Le site de l'association HQE : http://www.assohqe.org/)
Le site de l'ISO sur la question HQE : http://www.iso.ch/iso/en/stdsdevelopment/tc/tclist/TechnicalCommitteeDetailPage.TechnicalCommitteeDetail?COMMID=5595

Ca commence à faire beaucoup.



Mme Royal n'a sans doute pas de chance, mais elle le mérite peut-être un peu. Bien avant le début de sa campagne, les ratés se sont accumulés..et continuent.

Voici une liste des hics et des couacs de la belle socialiste. Y'en aura-t-il d'autres ?

-21/01/2007 : après une entrevue avec un indépendantiste québécois, la candidate socialiste déclare qu'elle partage son point de vue sur l'indépendance du Québec. Tollé au Canada, dont le premier ministre se fend d'un communiqué vengeur. La belle se rétracte et tente de se justifier.

-17/01/07 : Atnaud Montebourg, porte-parole de la candidate, déclare sur Canal + que le seul défaut de Mme Royal, c'est son compagnon, François Hollande. La blague,qui cache mal une demi-vérité, ne fait pas rire au PS. Montebourg présente ses excuses et sa démission. Il est suspendu 1 mois par Ségolène Royal qui lui met un "carton jaune"

-16/01/07 : Des emails transmis de manière virale apprennent aux internautes que Mme Royal et M.Hollande sont actionnaire d'une SCI dont le montage leur permettrait de ne pas payer l'impôt sur la fortune. L'intéressée dément, publie le montant de son ISF et de son patrimoine. Le cumul du couple atteint un million d'euros. Ségolène Royal se déclare "aisée". Beaucoup de militants socialistes préfèreraient le mot "riche" (moins de 200 000 foyers paient l'ISF en France).

-15/01/07 Lors d'une réunion au du bureau national du Parti Socialiste, un des 57 intervenants laisse son téléphone portable allumé, après avoir composé le numéro d'un journaliste du Monde. Le lendemain, des extraits lapidaires sont publiés par le quotidien. Décidément, la belle dame ne fait pas l'unanimité au sein de son parti.

-11/01/07. Le premier secrétaire du PS et compagnon de Ségolène, François Hollande, se prononce pour des hausses d’impôts pour les contribuables touchant un salaire net de plus de 4 000 euros par mois. Le lendemain, sa compagne rétorque "«Il n’y aura pas de fiscalité nouvelle qui décourage le travail ou l’effort." Bel exemple d'unité.

-07/12/06 En visite en Israël, la candidate se prononce contre l'autorisation de nucléaire civil en Iran, au mépris de toutes les conventions internationales en vigueur et du traité de non-prolifération. Le premier ministre Israélien se félicite.

-1/12/06 A Beyrouth, la candidate du PS ne bronche pas lorsqu'un député du Hezbollah compare l'occupation israélienne du Liban au "nazisme".

- 8/11/06 Une vidéo enregistrée à son insu en janvier 2006 et postée sur Daily Motion apprend qu'elle recommande que les professeurs restent 35 heures dans les établissements scolaires pour apporter un soutien scolaire gratuit aux élèves en difficulté. Tollé général chez les enseignants.

- 10/06 Lors des débats télévisés contre ses adversaires, Laurent Fabius et DSK, "la dame aux caméras" se déclare en faveur d'un syndicalisme obligatoire. Elle explique le les syndicats et le chômage sont liés : "en Suède, le taux de syndicalisation est de 80 %. Contre 8 % en France. Et le chômage y est inférieur à 5 % ! Je crois que c'est lié... ". Tollé général des syndicats, qui se fendent de mises au point assassines : " les syndicats rassemblent en France plus de 2,3 millions de salariés, quand les partis politiques ne comptent qu’à peine 600.000 adhérents. Le taux de participation aux élections professionnelles, là où elles sont organisées, avoisine les 70 %. Tout cela doit obliger à plus d’humilité de la part des responsables politiques."

Liens
http://www.2007lagauche.fr/?q=node/1333

De la connaissance des dossiers : le retour.

Vous pouvez répéter la question ?




Douzième législature. Question publiée au J.O. le 11/12/2003


M. le président. La parole est à Mme Ségolène Royal, pour le groupe socialiste.
Mme Ségolène Royal. Ma question s'adresse au ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche et des affaires rurales. Aujourd'hui, tous les ports de pêche français sont bloqués par les pêcheurs, inquiets pour leurs revenus, leur métier et leurs identités régionales. Pour les avoir rencontrés jeudi dernier dans les ports de La Cotinière et de La Rochelle, je peux vous assurer qu'ils sont inquiets, monsieur le ministre, mais qu'ils ont des idées.
La diminution des ressources de la mer est un problème écologique majeur. Mais il n'y a pas que les pêcheurs qui prélèvent des poissons : la pollution maritime, notamment dans les estuaires, et le réchauffement climatique entraînent de nombreuses destructions. Nous souhaiterions donc que les questions environnementales soient intégrées aux décisions concernant les restrictions de pêche.
Mais les pêcheurs ont d'autres idées et je me fais modestement leur porte-parole.
Ainsi, ils voudraient avoir connaissance de la publication des résultats des mesures de restriction prises l'année dernière, avant que soit décidée toute nouvelle mesure de ce type dont ils souhaitent que soient évaluées les conséquences économiques et financières. Ils voudraient également que soient prises des mesures financières pour les aider à supporter leurs frais fixes pendant les périodes de ponte où la pêche serait interdite. Ils demandent que soit moralisée l'utilisation de filets géants, qui détruisent trop rapidement des espèces protégées. Ils voudraient encore que soit réglementée la pêche industrielle, qui vise à transformer des poissons en farine de poisson. Sachant, en effet, qu'il faut pêcher trois kilos de poisson pour produite un kilo de farine, on ne peut que constater des incohérences, qu'il faudrait revoir. Il faudrait, enfin, aider les jeunes à s'installer par des mesures fiscales d'amortissement anticipé. En un mot, monsieur le ministre, la France pourra-t-elle faire valoir - et je sais que c'est votre préoccupation - des propositions originales ?
M. le président. Quelle est votre question, madame, s'il vous plaît ?
Mme Ségolène Royal. Pourriez-vous me dire ce que je peux répondre, à mon retour, à ces pêcheurs qui vous posent ces questions et qui veulent continuer à vivre de leur métier ?


Du bon usage de la langue politique



Assemblée Nationale, Deuxième séance du mardi 25 mai 2004

(...)
Mme Ségolène Royal. (..) Si l'Assemblée vote l'inscription du principe de précaution dans la Constitution, vous avouerez, monsieur le ministre de l'environnement, qu'il y aura une sacrée contradiction, une contradiction insupportable sur le plan politique entre, d'un côté, les belles déclarations que vous faites ici sur le principe de précaution et, de l'autre, le fait d'envoyer vos préfets tenter de faire annuler les délibérations des maires qui, au nom de ce même principe de précaution et du développement de l'agriculture biologique, interdisent les expérimentations en plein champ sur le territoire de leurs communes. Les citoyens apprécieront.

M. Pascal Clément, président de la commission. Cela ne relève pas de leurs compétences de maire. C'est de la démagogie ! Vous dites un peu n'importe quoi, madame Royal !

Mme Ségolène Royal. Si, c'est de la compétence des maires de prendre des arrêtés.

M. Pascal Clément, président de la commission des lois. Vous faites de la démagogie fondée sur de la sottise ! C'est dommage ! Et dire que vous avez été juge au tribunal administratif !

Mme Ségolène Royal. Monsieur Clément, vous êtes président de la commission des lois et vous ne savez pas que le maire a un pouvoir de police ?

M. Pascal Clément, président de la commission des lois. Pas d'arguments politiciens ! Soyez juriste ! C'est triste d'être démagogue à ce point-là !

Mme la présidente. S'il vous plaît, pas de dialogues ! Mme Royal a seule la parole !

Mme Ségolène Royal. Vous êtes gêné, monsieur Clément. Je connais vos méthodes.

M. Pierre Hellier. Un maire peut évidemment prendre des arrêtés mais pas sur n'importe quoi !


Commentaire Pascal Clément n'a pas tort : même si un maire a le pouvoir de prendre des arrêtés municipaux, ces derniers ne doivent pas outrepasser certaines limites et certaines règles. Ainsi, un maire ne peut s'arroger les prérogatives d'un préfet, et à fortiori ne peut outrepasser les lois. Le commentaire de Mme Royal est effectivement un argument spécieux, et surtout sans fondement juridique. Elle le sait d'ailleurs parfaitement.

De la connaissance des dossiers

Douzième législature.
Question publiée au Journal Officiel le 01/05/2003


M. le président. La parole est à Mme Ségolène Royal, pour le groupe socialiste.

Mme Ségolène Royal. Monsieur le président, ma question, qui s'adresse à M. le Premier ministre, porte sur la stratégie de communication politique. Comment pouvez-vous, monsieur le Premier ministre, communiquer sur un plan pour les crèches alors que, l'année dernière et cette année, vous avez supprimé l'équivalent de 1,5 milliard de francs du fonds d'investissement pour la petite enfance, ce qui a entraîné pour les collectivités locales un manque à gagner de 80 000 places de crèches ?

Comment pouvez-vous annoncer aux familles la création d'une prime de naissance de 800 euros, alors qu'il s'agit simplement de remplacer ce qu'elles perçoivent déjà, sous forme d'allocation prénatale, du cinquième au neuvième mois de grossesse ?

Ne pensez-vous pas que ces familles, modestes puisqu'elles gagnent moins de trois SMIC par mois et qui sont plus de 500 000 dans notre pays, seront cruellement déçues lorsqu'elles découvriront ce tour de passe-passe et qu'elles constateront que les allocations prénatales ne leur seront plus versées à compter du cinquième mois ?

Ne pensez-vous pas, monsieur le Premier ministre, que la montée de l'abstention et la place de l'extrême droite dans notre pays exigent de la parole politique qu'elle soit autre chose qu'une supercherie ?

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué à la famille.

M. Christian Jacob, ministre délégué à la famille.
Madame Royal, permettez au modeste, au très modeste paysan que je suis, d'expliquer à la brillante énarque que vous êtes que huit plus un font neuf.
En effet, 8 milliards d'euros de prestations familiales pour l'accueil du jeune enfant auxquels on ajoute un nouveau milliard d'euros, cela fait neuf milliards. Il ne s'agit donc pas de redéploiement.
C'est un point que vous n'aviez pas encore compris et c'est pourquoi je prends un peu de temps pour vous l'expliquer.
Quant au plan « crèches », il est évident que nous ne l'avons pas supprimé : il a été maintenu. J'ai regretté que vous n'ayez pas voté son maintien l'année dernière. C'est nous qui l'avons financé, pas vous ! Vous l'aviez annoncé, nous l'avons financé.
Enfin, il ne s'agit pas, je le rappelle pour votre information personnelle car vous me semblez souffrir de trous de mémoire, de deux FIPE : il y a d'abord eu un fonds d'investissement à la petite enfance, puis l'AEI, l'aide exceptionnelle à l'investissement. Le tout ne représentait pas 80 000 places de crèches, contrairement à ce que vous avez affirmé, mais deux fois 20 000. Et les dernières 20 000 places, c'est nous qui les finançons. Aujourd'hui, nous mettons un nouveau en route plan pour tous les enfants qui naîtront à partir du 1er janvier 2004.
Je suis, madame Royal, avec la plus grande modestie et la plus grande disponibilité, prêt à vous recevoir si vous le souhaitez pour vous expliquer les choses plus en détail.