28.2.07

La route d'un homme seul


Nous en parlions dans le message précédent, la position de François Bayrou ne fait pas l'unanimité au sein de son parti. Le candidat à la présidentielle a manifestement choisi d'incarner une nouvelle donne politique, et cela constitue une rupture avec la ligne politique habituelle de l'UDF qui a toujours été, depuis sa création, un parti de droite modéré plutôt qu'un parti du centre. Certains députés en place actuellement avaient, par exemple, bénéficié d'un report des voix de l'UMP lors des dernières élections législatives. On peut concevoir qu'ils se sentent mal à l'aise avec la nouvelle position de Bayrou.

Parmi les défections enregistrées, on se souvient de celle de Gilles de Robien - dont l'action à la tête de l'Education Nationale paraît pourtant assez honorable- mais aussi de celles de Christian Blanc, ex pdg d'Air-France et d'André Santini, députés UDF goguenard et fumeur de cigares passé à la concurrence dont voici un extrait de l'annonce qu'il fit en passant à la concurrence UMP :

"Il est évident pour beaucoup que le Centre n’a jamais gagné sans la Droite et la Droite n’a jamais gagné sans le Centre. Parce que le socle électoral du Centre est à droite. Raymond BARRE, lui-même, rappelait dans le JDD dimanche dernier que « quand on appartient au Centre, il ne faut jamais rompre avec sa majorité. Si l’on refuse l’alliance, on prend le risque de l’isolement ». Nous sommes quelques uns à nous interroger sur l’avenir d’un Centre qui double la gauche par la gauche !
(...) Il y a bien sûr quelque chose de sympathique dans cette démarche ; il y a un courage évident à vouloir bouleverser les lignes, à s’efforcer de créer une dynamique nouvelle, contraire à la logique institutionnelle de la Ve République. C’est un dessein éminemment respectable que de vouloir « renverser la table » comme l’on dit. Et nous aurions tous tort de railler cette démarche, d’insulter les hommes qui la portent et qui, demain, nous rejoindront.
Simplement, elle me paraît vouée à l’échec parce qu’il n’y assurément pas une majorité de Français pour la soutenir et qu’il n’y a pas une majorité de responsables politiques qui y soient sensibles, prêts à y prendre part. Imaginons un seul instant qu’une telle démarche soit plébiscitée par les Français. Comment concrètement, la mettre en œuvre au gouvernement ? Avec qui ? Avec quelle Majorité à l’Assemblée nationale ? Cette démarche est intellectuellement satisfaisante. Elle est pratiquement inefficace."

La question que l'on peut se poser, c'est de savoir si Bayrou pense réellement ce qu'il dit - et corollairement de se demander si l'UDF peut survivre à cette transformation radicale- ou bien s'il ne s'agit que d'une posture électoraliste.

L'analyse des discours de Bayrou depuis deux ans montrent une certaine constance de pensée, et une montée en puissance dans la direction de "l'union des compétences". Sa sympathie envers Jacques Delors et Michel Rocard est connue de longue date, mais ce sont surtout ses dernières déclarations sur l'éventuelle nomination d'un premier ministre socialiste, s'il était élu, qui montrent le virage à gauche entrepris par le Béarnais.

Mais plus qu'un virage à gauche, il s'agit en réalité d'un véritable recentrage. Non pas "par la gauche de la gauche" comme le prétend Santini, mais au véritable centre. Il est normal dans ces conditions que les membres "ancienne formule" de l'UDF se sentent spoliés par ce qu'ils qualifient de hold-up, et quittent le nouveau navire centriste. Il est tout aussi logique que des citoyens de centre-gauche se sentent séduits par cette nouvelle proposition, eux qui ne se reconnaissent pas forcément dans la gauche profondément socialiste mais adaptée aux réalités du marché mondial que tente d'incarner une Ségolène Royal dans un grand écart inconfortable.

On peut donc raisonnablement imaginer que s'il ne parvient pas au second tour, François Bayrou ne donnera pas de consignes de vote en faveur Nicolas Sarkozy, qu'il critique autant que Ségolène Royal. Mais s'il ne parvient pas au second tour, c'est qu'il aura échoué dans son coup de poker politique. Le nouvel UDF de centre absolu auquel il a rêvé sera alors évaporé, de la même manière que sa propre carrière politique.
En revanche, s'il appelle à voter Sarkozy, il perdra toute crédibilité vis-a-vis des électeurs qui auraient une sensibilité à gauche. Pour la même raison, inversée, il ne peut pas appeler à voter Royal. Sa positiion est donc courageuse mais très risquée, car un échec à ces élections signifie pour lui une mort politique assurée.

La question que pose Santini est pleine de sens : un centre dépourvu d'alliances politiques peut-il gouverner ? Les anciens partenaires de droite seront-ils de nouveaux ennemis, ou préféreront-ils coopérer ? Nous le disions précédemment, c'est quasiment un choix de société: faut-il, en 2007, être résolument de gauche ou de droite, est-ce que cela a encore un sens ? Le postulat de Bayrou, c'est le même que celui de Giscard qui avait déclaré en 1974 "vous n'avez pas le monopole du coeur", c'est à dire un centre épris à la fois de réalisme économique et de jsutice sociale.

Il est vrai que c'est ce dont le pays aurait besoin. Pour caricaturer, les patrons et les ouvriers n'ont pas nécessairement vocation a être dressés les uns contre les autres. Mais en même temps; lorsqu'on est ouvrier, on aimerait bien être patron. Ou gagner plus en travaillant moins. Et quand on est patron, on aime bien que les ouvriers travaillent et se taisent, surtout si on les considère justement rémunérés. C'est humain. Cet antagonisme de classe, on voit mal comment il pourrait disparaître.

Qu'il est difficile de trouver l'équilibre dans une société humaine !

Finalement, ce que propose Bayrou, c'est tout simplement une révolution, parce que la France est depuis plusieurs siècles clivée en deux blocs politiques distincts et inaliénables. Mais en même temps, nombre de citoyens sont un peu des deux. Qui peut, en effet, prétendre que la Sécurité Sociale pour tous est une ineptie, qui peut dire que les pauvres doivent rester pauvres et que le spectacle de la misère a quelque chose de rassurant ? A part quelques fous, personne. D'un autre côté, nous avons tous envie de confort, de salaires convenables, de vacances symapthiques. Bref, nous sommes tous un peu de droite un peu de gauche.

Et si Bayrou, finalement, ne faisait que refléter la réalité du peuple français, qui n'est pas si coupé en deux que cela ? Et si ce clivage politique évoqué plus haut n'était qu'une illusion, entretenue par les hommes politiques afin de justifier leur gagne pain ? Car, qu'on y songe un instant : si tout le monde se mettait d'accord facilement, si les lois n'étaient pas discutées pendant des semaines entières, il suffirait d'un plus petit nombre d'hommes politiques pour faire tourner le pays. Les médiocres y perdraient beaucoup. On sait qu'ils sont légion.

Mais il me semble que je m'enflamme peut-être un peu. Tout cela n'est sans doute qu'illusion, comme l'a dit le brave Santini.

27.2.07

Bayrou et la quatrième république


Nicolas Sarkozy l’a dit, le programme de François Bayrou aurait pour conséquence le retour à l’impuissance qu’a connu la quatrième république. La phrase exacte, citée par l’agence Reuters, indique que "ce que propose François Bayrou (...) on l'a parfaitement connu en France. C'est la IVe République. On met un peu de gauche et un peu de droite. Cela conduit à quoi : A l'impuissance".

Cette idée, je l’ai retrouvée ce week-end chez des amis plutôt conservateurs, qui ont connu la IVème république et se souviennent des errements auxquels elle avait conduit.

Qu’en est-il vraiment ? Une petite enquête était nécessaire pour déterminer ce que cette comparaison avait de judicieux. On verra que les conclusions sont différentes de celles du candidat de l'UMP.

La quatrième république a été constituée au sortir de la seconde guerre mondiale, en 1947. Elle dure jusqu’en 1959 et se caractérise par une grande instabilité politique : en douze ans, plus de vingt gouvernement se sont succédés. Les institutions politiques sont calquées sur celles de la IIIème république, mais un effort est fait pour donner plus d’autorité au président du conseil, le premier ministre d’alors. Pourtant, rien ne fonctionne comme prévu et l’assemblée nationale ne cesse de mettre des bâtons dans les roues du gouvernement : très vite, c’est le retour aux méthodes de la IIIème république, durant laquelle le Sénat avait réussi à renverser cinq gouvernements en refusant de voter leurs réformes.

Pourquoi une telle instabilité ? Parmi d'autres, Eric Ranguin, professeur d’histoire-géo, l’explique fort bien sur son site : « La Constitution soumet le pouvoir exécutif au pouvoir législatif. L’Assemblée nationale investit le chef du gouvernement. Dès le début, le Président du Conseil prend l’habitude de répartir les ministères entre les partis de gouvernement, à charge pour eux de désigner les ministres qui leur correspondent. (…) On a une multitude de partis politiques et aucun n’est suffisamment puissant pour détenir la majorité absolue à l’Assemblée. Il ne peut donc y avoir que des gouvernements de coalition. Or le soutien ou le refus de soutien à un gouvernement n’est pas décidé par le ministre participant au gouvernement mais par son parti. Ainsi, en 12 années de IVème République, 22 gouvernements se succèdent rendant le régime très instable. Cette instabilité repose sur l’hétérogénéité des partis politiques. Les majorités nécessaires pour former et faire durer un gouvernement sont toujours très difficiles à trouver et éphémères. Si une majorité se dégage sur un problème particulier, celle-ci peut changer si le problème varie à son tour. Si les problèmes s’accumulent, la "valse des ministères" n’en est que plus grande. »

L’auteur conclut que « Ce régime mal aimé, rappelant trop la IIIème République, a souffert de l’opposition irréductible des communistes, des gaullistes puis des poujadistes. Cette opposition puissante, combinée au morcellement des partis, a empêché la stabilisation de véritables majorités, soit à droite, soit à gauche qui permettent d’effectuer des choix efficaces, en particulier pour décoloniser. »

Précisons toutefois que l’époque de la IVème république a été particulièrement difficile : la guerre venait de finir, la guerre froide commençait et avec elle l’alliance atlantique, le parti communiste était une force politique d’importance, la décolonisation était un enjeu majeur qui aboutit à la guerre d’Algérie, tandis que les prémisses de l’Europe se mettaient en place. Une période délicate et troublée.

L’observateur attentif que vous êtes, ami lecteur, ne manque toutefois pas de voir que l’origine de l’échec de la IVème république réside dans les dissensions entre partis, que le mode de fonctionnement des institutions n’ont fait qu’amplifier.

Un tel schéma peut-il se reproduire ? Dans la solution préconisée par François Bayrou, le gouvernement serait constitué de personnalités de tous les bords. Il resterait soumis à l’autorité du chef du gouvernement, désigné par le président de la République. A priori, on peut penser que cela n’induirait pas d’instabilité gouvernementale, contrairement à la IVème république ou le gouvernement et le président de la république étaient élus par les députés.

Reste à savoir si la solution de Bayrou serait viable face à l’assemblée. Les députés, quel que soient leur bord, seraient-il prêts à voter pour une loi s'ils la considèrent comme la meilleure pour le pays ? Autrement dit, Bayrou peut-il gouverner s’il ne dispose pas de la majorité absolue à l’assemblée ? Et peut-il disposer de la majorité ? Ou même simplement bénéficier de l'adhésion des partis politiques en place ?

Il est vrai que contrairement à l’époque de la IVème république, les partis politiques ne sont plus les seuls moteurs de la démocratie, et que le paysage politique lui-même est modifié, puisqu’il n’y a pas la multitude de partis que l’on connaissait alors.

C’est donc toute la question de la structure politique du pays qui est ici en question. Si l'assemblée nationale accepte de voter des lois pour le bien du pays, en dehors de questions partisanes, l'idée de Bayrou peut fonctionner; et même très bien fonctionner. Mais si chacun persiste à vouloir défendre son point de vue particulier, voire partisan, au détriment de l'intérêt général, la solution Bayrou restera une pure utopie.

A moins que les élections législatives ne permettent au pays de donner à l'UDF une nouvelle envergure, en le transformant en premier parti politique du pays, composé d'hommes de gauche et de droite.

Une utopie ?




20.2.07

Et si Le Pen n'était pas candidat ?


On apprend que Jean-Marie Le Pen pourrait ne pas figurer au premier tour de la présidentielle, faute de parrainages. Il lui manquerait entre 10 et 30 signatures d'élus.

Si c'est le cas, serait-ce un problème ?

Le patron du FN prétend que la publication des noms des parrains lui porte tort. Il préfèrerait peut-être la politique en sous-main, celle de l'ombre. Je ne suis pas d'accord. Le débat démocratique doit être ouvert et transparent.

Non, si d'aventure le FN n'était pas présent à ces élections, ce serait à cause de ses propres positions. En marketing, lorsqu'un produit ne trouve pas sa clientèle, c'est qu'il ne correspond pas à un besoin ou qu'il n'a pas su créer de besoin. Il est alors modifié ou retiré du marché. Cela vaut pour JM Le Pen.

Une éventuelle absence serait-elle un handicap pour la démocratie ? Non encore, car si un candidat ne rassemble pas les signatures nécessaires, c'est qu'il n'est pas suffisamment représentatif de la population, et qu'il n'a pas su véhiculer son message politique.

Si Le Pen était dans l'impossibilité de se présenter, il y aura force débats. Pourtant, tant que Besancenot et Laguiller arriveront à se présenter, on peut être tranquille : la démocratie est bien vivante dans ce pays.

No future

Amusante, l'idée du site fr.newsfutures.com qui se pose comme une "bourse des news du futur" selon des règles dérivées du marché boursier. On peut y faire des paris (gratuitement, en monnaie virtuelle) sur le ou les candidats de son choix.

Voici par exemple la cote de popularité de Ségolène Royal.

Votons


Parmi la myriade de sites politiques créés à l'occasion de ces élections - parmi lesquels celui-ci-, on peut noter le site www.votons.info qui tente de présenter de façon synthétique le programme de chacun des candidats, y compris les candidats minoritaires.

On y trouvera même un comparateur de programme, un peu comme sur les sites marchands ou vous pouvez comparer deux écrans plats. L'idée est amusante, l'utilisation très instructive. On peut ainsi comparer l'impressionnante vacuité du programme (ou plutôt non-programme) de Besancenot, qui imagine un véritable pays de Cocagne dans lequel l'argent pousse sur les arbres et tout le monde il est gentil, avec celui de Le Pen, programme fleuve totalement inapplicable dont chaque proposition enfonceraitplus profondément la France dans un isolationnisme malsain et rétrograde. Et bien sûr, les programmes des candidats plus sérieux.

Le site votons.info aurait été créé par "trois étudiants passionnés de politique", parmi lesquels un certain Pierre Valade, dont on retrouve la trace sur un blog de l'université de la Sorbonne. Pas de sous-marin ou de parti qui tire les ficelles en arrière-plan, d'autant que les sources des informations sont systématiquement citées. On peut donc y aller.

Haro sur le baudet


Les sondages publiés le 19 février l'attestent, François Bayrou monte à 16% d'intentions de vote au premier tour. Mais surtout, il gagnerait au second tour contre Ségolène Royal (54% contre 46%) et contre Nicolas Sarkozy (52% contre 48%).

Le béarnais inquiétait quelque peu les états-major des deux partis leaders, il les menace désormais franchement, d'autant plus qu'un grand nombre d'électeurs n'ont pas fait leur choix.

Pour éviter tout incident, il y a fort à parier que le PS comme l'UMP vont procéder, dans les jours prochains, à une démolition au marteau-piqueur du discours du candidat centriste, passé trop vite du stade de troisième homme à celui d'homme à abattre. Comme le résume le socialiste Claude Bartolone au journal Libération, "Bayrou ne peut pas être le porte-parole des espérances de la gauche".

L'avantage de cette démolition, c'est qu'elle permettra de voir ce qui résiste, ce qui tient debout dans les idées de l'UDF. Car la comparaison permanente avec l'Allemagne n'est pas toujours réaliste, et son idée de rassembler les énergies d'où qu'elles viennent n'est pas sans difficultés.

C'est une phase importante qui se prépare, entièrement au bénéfice de ces élections et de la France. Soit Bayrou montre qu'il tient le coup, qu'il fait face. Du coup, son programme gagne en crédibilité et il perd son image d'homme tiède, change de stature et améliore ses chances de remporter l'élection. Soit il explose en plein vol avec des idées trop facilement détruites par ses ennemis, et il ne lui restera plus qu'une poignée d'électeurs, puisque ceux qui étaient tentés retourneront vers le parti le plus proche de leurs convictions. Le face-à-face Sarkozy-Royal tant attendu pourra alors se dérouler sans anicroches.

C'est donc un véritable tournant de la campagne qui va se jouer au cours des quinze prochains jours.

15.2.07

L'éponge s'enfuit


Amusante, la démission d'Eric Besson de son poste au Parti Socialiste pour, dit-on, des divergences avec François Hollande. Autre explication avancée par l'un de des proches, le député de la Drôme (que nous évoquions dans un billet sur le budget) n'aurait en réalité pas apprécié que l'on traite son travail par dessus la jambe, lui qui a passé des nuits blanches à faire le grand écart pour donner un certain réalisme budgétaire aux propositions de Ségolène Royal.

L'ex-futur minustre des finances de Ségolène Royal jette donc l'éponge. Il s'était notamment illustré le 25 septembre dernier dans une conférence de presse intitulée "5 années de perdues pour la France", dont on peut télécharger l'intégralité au format MS Word, et qui soulignait l'inquiétante dérive du déficit public.

On comprend donc mieux le désarroi de cet homme obligé de jongler avec des chiffres pour valoriser un projet présidentiel qui va a l'encontre de ses convictions économiques.

14.2.07

Sondage instantané


Petit dîner entre amis, l’autre soir. La discussion porte, évidemment, sur la politique et j’écoute avec intérêt les arguments des uns et des autres.

Albert, 55 ans, chef d’une PME prospère, me confie qu’il votera Sarkozy. « J’ai été de ceux qui ont fait élire Mitterrand en 81. J’avais vingt ans, ça me paraissait normal. Mais cette fois-ci, Sarkozy est le seul a présenter un programme réaliste. Ségolène Royal n’a pas de projet sérieux, c’est de la poudre aux yeux ». Sa femme Géraldine votera comme lui : « Sarko, il est bon. Je l’ai vu à la télé, franchement il assure ».

Danièle, 40 ans, assistante sociale, votera Ségolène, parce qu’elle ne peut pas voter pour Sarkozy. C’est comme ça, c’est génétique. Lorsque je lui demande si elle a étudié les propositions des uns et des autres, elle répond qu’elle en a vaguement entendu parler mais que c’est surtout une question de personne et d’orientation politique. Idem pour Cécile, 42 ans.

Son compagnon, René, 48 ans, dirige un organisme social local. Il affiche une certaine conscience politique, s’informe sur le net et suit de nombreux reportages à la télé. « Bayrou n’est pas mal, mais il est un peu tiède. Et puis, l’UDF c’est la droite malgré tout, même s’il s’est gauchisé. Sarkozy, il a quand même dit des choses énormes. Ségolène Royal, pour l’intant elle n’a pas été très convaincante, mais attendons de voir ». Bref, il ne sait pas encore quel choix faire, mais son cœur penche à gauche et se garde une possibilité pour Bayrou.

Jacques, 48 ans, informaticien, me surprend. Il a toujours voté à gauche. C’est un type « cool » qui fume des pétards et a longtemps travaillé à mi-temps, plus attiré par la qualité de la vie que par la réussite financière. Il me parle « business », m’explique que la France doit se relever, qu’il faut que les entreprises tournent, et que ce n’est pas avec un programme socialiste et électoraliste qu’on y arrivera. Il votera Sarkozy. Je lui demande s’il a étudié le programme des candidats. Non, pas vraiment, mais il sait que c’est grâce à Sarkozy qu’il a pu s’acheter son appartement, grâce à la loi qui débloquait l’épargne salariale. Une forme de reconnaissance du ventre, donc.

Jonathan, 18 ans, en prépa Sciences Po. Il vote à gauche. A-t-il étudié les programmes des uns et des autres ? Non, enfin un peu quand même, mais pas trop. Inutile, puisque de toutes façons il vote à gauche.

Je retire plusieurs enseignements de ce petit sondage : d’abord, que Sarkozy a séduit trois anciens électeurs de gauche, une séduction d’autant plus facile qu’ils se situent dans des tranches d’âge ou l’on a tendance à vouloir protéger ses acquis.

Trois personnes voteront Ségolène, parce qu’elles ont le vote socialiste au cœur et qu’elles abhorrent Sarkozy l’ultra-libéral qui karchérise les cités. Elles n’ont aucune idée du programme des uns et des autres, pas plus que Jacques l’informaticien ni Géraldine. Autrement dit, sur 7 personnes, seulement 2 ( soit 28%) ont vaguement étudié le programme : les 5 autres voteront véritablement à la tête du client, ou par fidélité organique.

Toute la politique moderne se trouve résumée là. Fi des idées, des propositions. Le look compte plus.

Comme dit le proverbe, « ce sont les tonneaux creux qui font le plus de bruit ».

13.2.07

Budget et propagande


La question de la dette publique agite commentateurs et hommes politiques. François Bayrou a fait du désendettement un axe prioritaire, Nicolas Sarkozy critique l’incurie budgétaire des cent propositions de Ségolène Royal tandis que celle-ci lui répond, par la voix d’Eric Besson(1) que "la somme provisoire des engagements de Nicolas Sarkozy fait apparaître un solde de dépenses nettes de plus de 77 milliards » et que « Les socialistes n'ont guère de leçons de gestion à recevoir d'une majorité qui aura à la fois accru le poids de la dette de 300 milliards d'euros(…) ».

Quelle est la réalité ?

Parlons d’abord de la composition de la dette publique elle-même. Elle se compose d’une dette dite « négociable », c’est-à-dire d’emprunts sur les marchés financiers, et d’une dette « non négociable » souscrite auprès des organismes de la nation (collectivités territoriales, établissements publics).

La dette négociable est composée d’emprunts à court terme (les BTF, d’une durée moyenne de 111 jours) qui servent à combler les trous budgétaires, d’emprunts à moyen terme (les BTAN, d’une durée moyenne de 1 an et 1 mois) et d’emprunts à long terme (les OAT, dont la durée peut aller jusqu’à 50 ans, mais avec une durée moyenne de 7 ans et 45 jours au 31/12/2006). En fonction de la structure de l’emprunt, les taux peuvent être fixes ou variables. Au 31 décembre 2006, l’encours de la dette négociable de l’Etat s’élevait à 876,6 milliards d’euros en valeur nominale. Selon l’agence France Trésor, qui gère la dette de l’état, les porteurs sont à près de 60% étrangers, une proportion en augmentation constante (54.3% en 2005) ce qui ne pose pas de problème particulier : cela signifie simplement que les investisseurs étrangers ont confiance dans la capacité de la France à rembourser sa dette.

De son côté, la dette non négociable s’élevait à fin 2005 à 42 milliards d’euros, environ vingt fois moins que la dette négociable.

Il ne faut pas confondre la dette publique avec la dette extérieure (qui est un indicateur économique reprenant les dettes publiques et privées envers l’étranger), ni avec la dette de l’Etat (qui se définit simplement comme l’ensemble des emprunts effectués par l’État)

Puisqu’il s’agit d’une grandeur financière, la dette publique est soumise aux contraintes des marchés financiers. Elle évolue donc en fonction des taux d’intérêt ( le récent emprunt sur 50 ans à 4% est de ce point de vue une bonne affaire, alors que les emprunts des années 90 étaient beaucoup plus chers), mais aussi en fonction de la santé économique du pays. En effet, si l’activité économique décline et que le chômage augmente, les recettes diminueront tandis que les dépenses augmenteront, ce qui creusera un trou dans le budget qui ne pourra être financé que par l’emprunt, donc par la dette.

Cela étant, un état ne fonctionne pas comme un particulier : il y a une notion de pérennité morale, ou de continuité de l’Etat qui fait que ce dernier peut-être endetté ad vitam sans inquiéter ses débiteurs. Et donc sans que cela ne perturbe trop son économie. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est inexact de dire que « chaque Français doit 18 000 euros » : à quel moment ?

Plutôt qu’une valeur absolue, il faut donc considérer le rapport entre la dette et le produit intérieur brut, c'est-à-dire la richesse produite par la nation. C’est l’équivalent, pour un état, du ratio d’endettement que les banques calculent pour les ménages, bien qu’il faille se méfier de toute comparaison entre la dette de l’Etat et celle des particuliers. Pour la France, à fin 2005 ce ratio était de 66,8% , soit un peu moins que l’Allemagne (67,7%) et à peine plus que les USA (63,8%), mais beaucoup plus que l’Angleterre (42,8%). Un graphique sur le site de France Trésor montre la correspondance entre déficit et dette en France entre 1978 et 2005. On y constate que le déficit augmente fortement entre 1981 et 1986 (sous les gouvernements socialistes de Pierre Mauroy puis Laurent Fabius.) Il régresse en 1986 (Chirac est premier ministre) puis remonte lentement jusqu’en 1991 (les chefs de gouvernement sont alors, successivement, Michel Rocard puis Edith Cresson). En 1992, forte progression de la dépense (Bérégovoy premier ministre), idem à partir de 1993 (gouvernement Balladur). En 1995, sous la direction d’Alain Juppé puis de Lionel Jospin, la dépense se calme un peu avant de remonter à nouveau de 2002 à 2005 (gouvernement Raffarin). Bref, si les socialistes semblent avoir une prédilection pour l’emprunt, ce n’est pas leur seul apanage.

En effet, le déficit budgétaire financé par l’emprunt, a longtemps été considéré comme un puissant levier économique pour revenir à la prospérité. Cette vision a été largement écornée depuis les travaux de Keynes, mais le problème c’est que pour réduire le déficit, l’Etat doit dépenser moins. Or la majorité de ses dépenses sont des dépenses de salaires (enseignement, police, armée, administration) jugées indispensables par tous les citoyens. Pour des raisons politiques évidentes, les dirigeants n’osent pas prendre le risque de réduire le déficit (il se chiffrait à fin 2006 à 36,16 milliards d’euros, pour un budget général de 266 milliards d’euros).

La seule manière de réduire le déficit, c’est donc de dépenser mieux, d’optimiser les ressources pour arriver à rendre plus de services à la collectivité avec des moyens identiques, ou moins de services avec des moyens plus faibles. C’est bien là que le bât blesse : dans les propositions mirifiques de certains candidats, on trouve beaucoup de moyens de dépenser de l’argent, mais pas beaucoup de moyens d’en économiser. Pourtant, l’état devrait se gérer comme une association à but non lucratif, type ONG, qui se doit d’équilibrer son budget à la fin de l’année.

Car les emprunts d’aujourd’hui sont les impôts de demain, et même si certains investissements de l’Etat profiteront à nos enfants, il n’en va pas de même pour tout. L’Etat doit donc apprendre à diminuer son train de vie en gérant mieux, plus intelligemment, et en appliquant des règles de productivité qui ne sont pas capitalistes, loin s’en faut : dans les kolkhozes soviétiques, tous les camarades partageaient également le labeur pour la richesse commune. Il est clair que les avantage acquis de telle ou telle corporation vont à l’encontre de l’intérêt général, de la même manière qu’augmenter inconsidérément les dépenses publiques serait le plus sûr moyen d’hypothéquer l’avenir.

En 2007, l’Etat devra financer un déficit budgétaire prévisionnel de 42 milliards d’euros et assurer le remboursement de 71,3 milliards d’euros de dette à moyen et long terme venant à échéance. Son besoin de financement est donc de 113,3 milliards d’euros.

Tout nouvelle mesure sociale qui ne serait pas contrebalancée par une économie budgétaire,ou par des recettes nouvelles (par exemple l’impôt) viendra alourdir ce montant.


(1) secrétaire national du PS, chargé des questions économiques

12.2.07

Lecture familiale

Vibrant article de Nicolas Domenech à l'égard de Ségolène Royal et ses 100 propositions, sur Marianne dont il est le directeur adjoint de la rédaction. Un papier qui donne un point de vue personnel et sensible sur l'allocution de la candidate socialiste pour annoncer son programme.

C'est un choix rédactionnel, celui que tout journaliste peut exercer.
Mais l'ami Domenech tourne sa plume en ridicule, lorsqu'il s'embarque dans une métaphore allégorique sur la famille. Citons :

"Nous avons une mère de famille qui veut nous protéger et nous accompagner au travail, gentiment mais fermement, avec amour et taloches, ce qui peut agacer. Nous avons un jeune frère faraud, plein de feu et d'énergie, Sarkozy, qui aspire à la gravité, mais veut nous secouer, nous bouger et nous mettre au travail, même quand on en a pas, ce qui énerve. Nous avons un cousin de province, François Bayrou, plein d'usage et de raisons qui, du haut de son tracteur nous encourage à nous rassembler et à arrêter de faire les fous, en dépensant tant d'argent que nous n'avons pas. Enfin, nous avons un grand-père Jean-Marie Le Pen qui remâche la nostalgie de la France d'avant, du temps où elle était une grande puissance et où les enfants et les étrangers ne se seraient pas permis de se montrer si insolents. Voilà, nous sommes orphelins de père, et plus particulièrement depuis que Chirac nous a fait savoir son départ dimanche. Et comme en 1974, après la mort de Pompidou, l'avenir appartient à celui ou à celle qui incarnera le changement dans la continuité. Ce qui implique, tel Giscard autrefois, plus qu'autrefois, un mélange subtil de masculin et de féminin. Vingt-trois ans plus tard, l'inverse peut-il être vrai ?"

Après le pamphlet et la libelle, Domenech inaugure là un nouveau genre littéraire, le roman politique pour midinettes. Barbara Cartland sur les terres de Montesquieu, dans un style qui évoque la prose de calendrier des Postes pré-1940.

Quel diable lui a pris ?

10.2.07

Lire la politique moderne grâce au passé


L'ancien premier ministre Raymond Barre vient de sortir chez Fayard un livre d'entretiens avec Jean Bothorel intitulé "L'expérience du pouvoir". Grande nouvelle, me direz-vous peut-être en ricanant. Erreur. Barre a probablement été l'un des plus grands hommes politiques que la France ait connu au vingtième siècle, parce qu'il a été exclusivement homme d'Etat et aucunement politicien.

Cette différence entre l"homme civil et l'homme politique qui touche à la schizophrénie, il l'explique brièvement dans une interview accordée à Christine Kerdellant de l'Express dans laquelle il décrit sans aménité mais sans rancoeur les trois principaux politiciens qu'il a connus : Giscard, Mitterrand et Chirac.

Cet entretien donne des clefs pour comprendre la personnalité des politiciens en général, et de Nicolas Sarkozy en particulier dans ce qu'il a de commun avec Jacque Chirac.

Extraits:

J'ai toujours été frappé, moi qui ai longuement observé ce milieu sans jamais être membre d'un parti, de l'écart qui existe systématiquement entre l' «homme polititique» et l' «homme civil». Cet écart est particulièrement important chez Jacques Chirac. Dans le privé, il a ce côté généreux, dévoué, désireux de rendre service, qui le rend profondément sympathique aux yeux des Français. Sympathique, c'est d'ailleurs le mot que j'ai entendu le plus souvent à son propos. Cet homme-là, je l'apprécie. Mais l'être humain doit opérer une mutation pour devenir un professionnel de la politique.

Et «l'autre» Chirac, donc?

C'est une bête politique. Je ne lui reconnais pas la moindre conviction, sauf l'obsession du pouvoir. Cela est un fait, et non un jugement de valeur : il adapte en permanence ses convictions aux situations. Il a trahi Chaban pour Giscard, il a fondé le RPR pour se débarrasser des barons du gaullisme et tuer Giscard. Il a accepté de cohabiter avec Mitterrand pour prendre Matignon et pouvoir gagner l'Elysée. Aujourd'hui encore, je ne suis pas sûr qu'il ait renoncé à se présenter. Si les circonstances lui semblent favorables, il peut décider d'y aller... Il est encore capable de surprendre!

Sur Giscard :

Giscard, c'était Narcisse homme d'Etat. Là encore, l'homme «civil» a joué des tours à l'homme politique. Lorsqu'il s'agissait de traiter les affaires de la France, c'était vraiment un personnage de premier plan, et je suis convaincu que l'Histoire reconnaîtra que son septennat a été le plus fructueux de la Ve République. Il était d'une intelligence exceptionnelle, et c'était un félin, il l'a bien montré. Mais, quand il s'agissait de lui-même, il était trop attentif à son image ou aux sentiments qu'on avait pour lui.

Sur Miterrand :

Mitterrand avait gardé, paraît-il, un mauvais souvenir de notre face-à-face télévisé de 1977. De mon côté, je le considérais comme un aventurier - je dis dans mon livre: une sorte de Lawrence d'Arabie. Comment aurait-il pu, sinon, se sortir de toutes les situations difficiles qui avaient jalonné son parcours?

J'ai toujours été admiratif de l'intelligence lumineuse de Raymond Barre, à la fois intellectuel (il fut un théoricien de l'économie fort apprécié) et homme d'action, comme a pu l'être Michel Rocard à gauche. Il était surtout dépourvu de cette obssession de l'ambition et du pouvoir que l'on retrouve chez François Hollande, Nicolas Sarkozy, et bien d'autres politiques. Mais ces deux êtres manquaient furieusement de sens politique. Dommage pour la France, qui a besoin d'être séduite par ses leaders.

9.2.07

Y-a-t-il une gauche ?


Impossible de résister au plaisir de vous livrer quelques extraits de la "Lettre ouverte à Lutte ouvrière, à la Ligue communiste révolutionnaire et au Parti des travailleurs" adressée par le Comité International de la Quatrième Internationale sur son site World Socialist Web Site en avril 2002, entre les deux tours de la présidentielle.

" (...) Il faut que ces nouvelles forces apprennent des enseignements politiques importants. Il leur faut apprendre à ne pas se laisser duper par les mensonges de l'establishment politique bourgeois - la droite gouvernementale et la gauche gouvernementale, ainsi que les médias - qui affirment que voter pour Chirac représente la défense de la démocratie, le salut de l'« honneur » de la France, la création d'« un front antifasciste », et ainsi de suite.(...) Pour lutter contre Le Pen, nous devons correctement diagnostiquer la cause de la maladie politique dont il est le symptôme. La cause du malaise actuel est qu'il n'y a pas d'alternative socialiste aux politiques capitalistes.

Le Pen a profité politiquement et idéologiquement de l'abandon de la classe ouvrière et de ses intérêts par les partis qui déclaraient la représenter. Comme Jospin l'a admis lors de sa campagne, son parti peut porter le nom de « socialiste », mais son programme n'est « pas socialiste ». Le Parti socialiste cherche à administrer, au nom des capitalistes, un État-providence qui n'offre plus de protection sociale, et qui, au contraire, réduit continuellement le niveau de vie et les conditions sociales des ouvriers. Le gouvernement Jospin a pris sur ses épaules d'imposer tous les sacrifices en terme d'emplois et de programmes sociaux qui étaient nécessaires pour établir le système monétaire européen et lancer l'euro.

Quant au Parti communiste, il est depuis des décennies le principal pilier du capitalisme français au sein de la classe ouvrière. Dans la période récente, c'est l'organisation stalinienne qui porte principalement la responsabilité de l'introduction au sein de la classe ouvrière du poison qu'est le chauvinisme anti-immigré. (...)

Ce sont les mêmes excuses qui furent utilisées pour justifier la formation du Front populaire en France en 1936, qui était une alliance du Parti socialiste, du Parti communiste et du Parti radical bourgeois. Le gouvernement du Front populaire, arrivé au pouvoir grâce à l'appui de la classe ouvrière, a fait des pieds et des mains pour désamorcer le mouvement révolutionnaire, qui a pris la forme d'une grève générale massive, et pour sauver le capitalisme français. Une fois le travail accompli, à savoir de retenir, de trahir et de démoraliser la classe ouvrière, il a donné le pouvoir à la droite, ce qui a ouvert la voie à l'effondrement de 1940 et à l'établissement du régime pro-fasciste de Vichy. (...)

Ce qu'il faut retenir du dernier quart de siècle, c'est qu'il est impératif de combattre l'influence politique réactionnaire d'organisations vieillies, dépassées, fossilisées et qui autrefois parlaient au nom de la classe ouvrière. Aujourd'hui ces organisations ne sont plus que des coquilles vides, ne survivant que grâce à une bureaucratie intéressée et grâce aux subsides de l'État.

L'évolution de Jospin lui-même démontre bien les conséquences pernicieuses de décennies d'adaptation à ces vieilles organisations. Il offre l'exemple classique de celui qui a voulu utiliser les principes politiques et la réputation historique de Léon Trotski pour couvrir son opportunisme. Sa carrière politique s'est terminée par une démission honteuse, en abandonnant littéralement ses responsabilités politiques au moment même où les plus graves dangers menacent la classe ouvrière. (...)

Il y en a qui ne mâchent pas leurs mots.


C'est absurde mais...


...parfois on ne peut pas résister, comme au bon vieux temps, à l'idée de demander à Google de servir d'oracle.
Allez. Posons lui quelques requêtes :

- la recherche "Sarkozy président" retourne environ 2.3 millions de pages.
- "Royal présidente" retourne 1.4 millions de pages.
- "Bayrou président" retourne 1,36 millions de pages.

En popularité sur le simple patronyme :
"Nicolas Sarkozy" fait 3.39 millions de pages.
"Ségolène Royal" fait 2,74 millions de pages.
"François Bayrou" fait 1,47 millions de pages.

On peut donc en conclure que 67,8 % des sites web interrogés estiment que Sarkozy a la carrure d'un président -puisque les deux termes se retrouvent- contre 51% pour Ségolène, et 92,5% pour Bayrou.

Stupéfiant, non ?

Il faut toutefois préciser que la recherche précise de "Sarkozy+président" que retourne que 112 000 pages, contre 39 400 pour Ségolène Royal et 67 800 pour Bayrou. Et 66 400 pour Le Pen !

Nous pouvons l'annoncer : à ce jour, Google prévoit un second tour Sarkozy-Bayrou.
Qui sera le vainqueur de ce duel insoutenable ?

La recherche "sarkozy bayrou" retourne 1 730 000 pages.
La recherche "bayrou sarkozy" retourne 1 750 000 pages.

François Bayrou sera donc le futur Président de la République. C'est sur google, donc c'est officiel.

Espérons qu'il ne mettra pas Julien Dray ministre de l'intérieur.

Un blog utile

Apprécierez-vous, vous aussi, le ton désinvolte et presque baudelairien de vote (in)utile, un blog pas comme les autres qui tente de sentir l'air du temps, à sa façon ? Essayez-voir. Il y en a pour tous les goûts et l'on découvre, au fil de certains billets, de vraies informations, et quelques opinions personnelles. Deux must :
- Sarkozy au mont Saint-Michel délivre quelques phrases puissantes et bien senties.
- Le blues d'un militant de l'UMP ou l'abus de SMS peut nuire à la santé politique.

Dont acte.

Le très approximatif François Hollande


L'on va finir par croire ce blog anti-socialiste, comme le montre un commentaire peu amène d'un lecteur. Il n'en est rien. Peut-être, tout simplement, que "qui aime bien châtie bien". Peut-être aussi que décidément les airs supérieurs des leaders socialistes actuels n'arrivent pas à masquer leur médiocrité. Et finalement, un Montebourg qui glose sur Hollande, aurait-il peut-être été un contradicteur plus efficace de Nicolas Sarkozy que l'actuelle candidate ? C'est une autre histoire.

Pour en revenir à François Hollande, son discours à l'occasion du point presse du 6 février mérite un peu d'attention. Que dit-il, globalement ? Il attaque Sarkozy sur son passif, comme le fit Mitterrand avec Giscard (voir post ci-dessous) mais avec infiniment moins d'adresse. Dire, en effet, "(d'après Sarkozy,) l’endettement public aurait atteint un niveau record. Mais qui a été ministre dans une période depuis 2002 ? Nicolas Sarkozy l’a été " c'est considérer le budget de l'état comme une donnée discontinue. Or les dépenses publiques ont augmenté continuellement depuis les années 50, pour atteindre les sommets actuels. Cela signifie que tous les gouvernements qui se sont succédés, de droite comme de gauche, sont responsables, et pas seulement M. Sarkozy en cinq ans.

Le même raisonnement vaut pour " Il ajoutait (Sarkozy) le système éducatif serait en faillite, mais qui donc a été ministre de l’Education ? notamment M. Fillon." L'Education nationale ne va pas fort, mais cela ne date pas d'hier.

Peut-on taxer son adversaire de démagogue, quand on pratique soi-même cette discipline ? Assurément oui.

Passons maintenant aux parties amusantes de ce discours. Pour n'en citer qu'une : ce serait trop long.
"La politique de Nicolas Sarkozy est dangereuse dans sa méthode de ne pas assumer sa responsabilité de son bilan et du bilan du gouvernement. Une méthode qui dissimule la réalité de son projet, celui d’une droite dure. Sa politique est dangereuse dans son contenu, car ce n’est rien d’autre qu’une banalisation de la France, une normalisation, un abaissement de ses droits et de ses garanties."

On se perd dans ce salmigondis informe qui mélange politique ( c'est-à-dire le projet) avec le bilan (c'est-à-dire le passé) au moyen de la responsabilité non assumée, dans le but de cacher la réalité du projet. Si un gentil lecteur pouvait m'expliquer, je lui en serai reconnaissant.

Au passage, j'aimerais que M. Hollande explique ce que signifie la phrase "politique de banalisation de la France".

C'est curieux, les camarades de l'ENA de François Hollande le décrivaient comme un brillant orateur.
Il ne faut jamais croire un énarque.

Parenthèse historique


Revenons un instant sur la prestation de François Mitterrand face à Valéry Giscard d'Estaing, le 5 mai 1981, lors du débat qui opposait le président sortant UDF au chef des socialistes. C'est à cette occasion que fut prononcé ce qui allait devenir une phrase célèbre : "Vous ne voulez pas parler du passé, je comprends bien, naturellement et vous avez tendance à reprendre le refrain d'il y a 7 ans 'l'homme du passé. C'est quand même ennuyeux que dans l'intervalle vous soyez devenu l'homme du passif. Cela gêne un peu votre démonstration d'aujourd'hui."

Qu'on apprécie ou pas l'action politique de Mitterrand, on ne peut que rester béat d'admiration devant la remarquable maîtrise du premier secrétaire. Observez, sur cette vidéo de l'INA, la gestuelle, le ton et l'apparente simplicité du ton. Tout dénote le calme, la maîtrise. Le texte est parfaitement préparé, parfaitement joué. En un mot, c'est du grand art politique.

Dans ce domaine, quel abîme sépare le candidat socialiste de l'époque, de la candidate socialiste d'aujourd'hui, qui peine à lire ses discours, trébuche sur les phrases en assoupissant son auditoire de son ton monocorde !

"L'héritière de François Mitterrand" n'a peut-être pas pris encore la mesure de son rôle. Il faut peut-être attendre le mois de mai pour que la rose refleurisse.

Faute de quoi le débat sera réduit à un monologue. C'est tout de même ennuyeux pour la démocratie.

(Aparté) Notez que cette dernière phrase "C'est tout de même ennuyeux pour la démocratie", assez typique des débats actuels, ne veut strictement rien dire. Mais il faut bien sacrifier à la mode pour être lu, quitte à devoir paraphraser un ancien chef d'état.

Au royaume des chiffres, les borgnes sont rois


S’agissant des critiques envers le programme de tel ou tel candidat, il est fréquent de lire ou d’entendre qu’il ou elle fait mentir les chiffres.

Le gouvernement Villepin est accusé de manipuler les chiffres du chômage, le ministre de l’intérieur ceux des voitures brûlées la nuit de la Saint-Sylvestre, et l’UMP de mentir sur le nombre de participants à l’investiture de Sarkozy. Chiffres, plan de la salle et raisonnements très érudits à l’appui, l’affaire est entendue : la droite ment sur les chiffres. Le site de la Ligue Communiste Révolutionnaire, tout comme celui de mon éminent confrère Olivier Bonnet, donnent ainsi des preuves formelles de la turpitude statistique du grand capital.

Hélas ce travers n’est pas exclusif à la droite. L’Humanité se demandait ainsi en 1999 comment Martine Aubry avait pu mentir sur les chiffres du chômage, un bloggeur érudit dévoile ce qu’il considère comme un mensonge socialiste sur le SMIC à 1500 €, et le site de l’Assemblée Nationale nous rappelle une séance de février 2005 durant laquelle le mensonge des socialistes sur le coût des 35 heures a été amplement débattu.

Cessons ici l’énumération, et laissons de côté l’idée humoristique que si la droite manipule plus les chiffre que la gauche c’est parce que elle, au moins, elle sait compter. Il est clair que tous les partis politiques pratiquent la manipulation des chiffres. Et ils le font pour deux raisons : d’abord parce que c’est normal, ensuite parce que c’est possible.

Pourquoi est-ce normal ? Réfléchissez. Lorsque vous présentez un projet à votre supérieur, une idée à votre épouse, ne vous arrive-t-il pas parfois de présenter des chiffres dont vous savez qu’ils pourraient être critiqués, si votre interlocuteur avait connaissance du dossier ? « Monsieur le directeur, vous aurez ce projet bouclé sous quinze jours ». Mensonge, vous savez qu’il vous faudra au moins trois semaines. « Ma chérie, ce vélo de compétition ne coûte que 500 euros ». Mensonge, avec tous les accessoires nécessaires il vous en coûtera 250 euros de plus. « J’arrive à la maison vers 19 heures ». Mensonge, vous savez très bien qu’il vous faudra au moins 30 minutes de plus. Les magasins nous mentent « 1.99 € le kilo », c’est une présentation très tendancieuse. Les banques nous mentent. « taux du crédit 4.90 % » assorti de lettres en tout petit « hors assurance et frais de gestion » qui portent le taux global à 6%. Idem pour les sociétés de téléphonie mobile, qui s’entendent sur une présentation des chiffres telle qu’on ne peut pas comparer les offres de manière objective.

On voit donc bien que, pour emporter l’adhésion de la personne qui nous fait face, il nous est naturel de présenter la réalité sous un jour favorable. Cela se pratique dans tous les pays, comme le montrent simplement ce site canadien ou le premier ministre hongrois. Parmi les professions qui aiment manipuler les chiffres, on peut citer les experts-comptables, qui sont payés pour optimiser la présentation des bilans aux actionnaires ou aux investisseurs. Il y a les journalistes, bien sûr, mais aussi les médecins, qui vous parlent sans sourciller du taux de prévalence d’une maladie alors que les méthodes de comptage sont contestables. Il y a les employés, qui surestiment leur temps travaillé et sous-estiment leurs heures passées à bayer aux corneilles. Il y a les commerçants, qui se plaignent depuis Pépin le Bref que le commerce c’est plus ce que c’était. Etc.

En second lieu, on le fait parce qu’il est possible de faire mentir les chiffres. De par leur structure même, ils se prêtent à la manipulation, parce que nous ne sommes pas des machines à calculer. Si je vous dis que 158 481,44 auxquels j’ajoute 653 225,23, cela fait 751 706,67, il vous faudra réfléchir à deux fois avant de constater qu’il manque 60 000 quelque part. Si j’ajoute en plus quelques pourcentages calculés sur une base 100 que je définis à mon aise sans vous en parler, il vous sera difficile de me contrer. D’ailleurs, la sagesse populaire le sait bien, qui estime que « les chiffres on leur fait dire ce qu’on veut ». C’est encore pire lorsque l’on montre des graphiques : n’importe quel statisticien un peu malin peut déformer n’importe quoi en son contraire, grâce à quelques ruptures d’axe ou bien à une représentation graphique tout à fait inadaptée.

Curieux contraste, soit dit en passant. Chacun sait qu’on fait dire ce qu’on veut aux chiffres, mais reproche à ses adversaires de les manipuler tout en les croyant volontiers lorsqu’ils viennent du bon côté, comme le montre ce billet et les commentaires qui le suivent sur le blog Chez Nico.

Ce contraste se transforme bien vite en syllogisme, c’est ce que constate Aubusson de Cavarlay dans un billet sur le très précis site Pénombres : « Dans l’ensemble, les commentaires journalistiques, ou même ceux de certains experts, adoptent très souvent une position peu cohérente. D’un côté, ce qui est une façon un peu tendancieuse de présenter les problèmes de méthodes, les statistiques officielles sont critiquées au motif qu’elles ne décriraient pas la réalité, et de l’autre, dans le même commentaire, des variations temporelles inquiétantes, exponentielles et des chiffres parlant d’eux-mêmes en sont extraits. Le lecteur est alors invité à admettre le pseudo-syllogisme suivant : les chiffres officiels ne décrivent pas la réalité ; or les résultats officiels sont alarmants ; donc la situation réelle qu’on vous cache est catastrophique. ».

Deux poids, trois mesures.

Rumeurs de siestes en solitaire


Voici un essai de synthèse des bruits de couloirs qui circulent dans les milieux journalistiques et /ou bien informés, relatifs aux deux candidats principaux. Bayrou, décidément, n'intéresse pas beaucoup les milieux médiatiques : je n'ai à son sujet aucune anecdote croustillante.

- Ségolène Royal et François Hollande sont séparés, depuis un certain temps déjà. Lorsqu'ils dorment au même endroit ils font chambre à part, sauf lors des voyages à l'étranger, ou ils ne prennent qu'une seule chambre à l'hôtel pour tromper l'ennemi. Espérons que ce n'est pas l'investiture socialiste de madame qui a détruit le couple. (je ne peux pas m'empêcher d'approuver Ségolène Royal, qui reste une jolie femme, et dont je ne comprends pas qu'elle ait ne serait-ce qu'effleuré François Hollande dont l'aspect physique, si j'étais une dame, aurait sur moi le même effet de séduction qu'un bouquet de chrysanthèmes, fané de surcroît). Cette rumeur a été "confirmée" par plusieurs contacts différents. Même l'éminent service Yahoo Question/réponses nous apprend que " aux dernières nouvelles François vit avec Anne Hidalgo adjointe au maire de Paris et Ségolène avec Louis Schweitzer l'ancien PDG de Renault." Quelle tristesse. L'harmonie ne serait que de façade. Mais alors, si Ségolène est élue, il n'y aura pas de Premier Homme de France ?

- Nicolas Sarkozy travaille énormément. Il dort quatre heures par nuit, cela lui laisse beaucoup de temps pour préparer les dossiers. C'est la raison pour laquelle il est plus affûté : il n'est pas plus malin, simplement plus travailleur. Cela doit être vrai.
Prenons un exemple : en consultant le blog Technochroniques à la page consacrée à une table ronde sur la loi DADVSI à laquelle a participé Sarkozy en janvier 2006, les notes de Tariq Krim montrent que le futur candidat connaissait bien le dossier.
Mais est-il possible de dormir aussi peu par nuit ? En fonction des sources, on apprend que Napoléon dormait entre 3 et 5 heures par nuit. Pour mettre tout le monde d'accord, le baron Fain, dans ses Mémoires, nous indique qu "'il dormait quand il voulait et comme il voulait. Quelque besoin qu'il eût de sommeil, trois ou quatre heures pouvaient suffire. Je le voyais se relever sans aucun effort au premier réveil de la nuit, se mettre au travail ; ensuite se recoucher et se rendormir promptement. Dans l'été, il aimait à faire la méridienne. Habituellement il dormait à peu près sept heures sur vingt-quatre; mais c'était toujours en plusieurs sommes, s'interrompant à volonté la nuit comme le jour." Sept heures de sommeil c'est finalement raisonnable. Le site Scienceinfo nous indique d'ailleurs que l'on peut tout à fait s'entraîner à dormir moins. La question est donc posée, à laquelle aucun de mes correspondants n'a pu répondre : Nicolas Sarkozy fait-il la méridienne ? Le fait que le sujet de la sieste intéresse tant le ministre de la santé et porte-parole de Sarkozy, Xavier Bertrand n'est peut-être pas si anodin.

Tout cela n'est pas très passionnant, me direz-vous. C'est sans doute pour cela qu'on tait généralement les bruits de couloir.

Rions un peu

Une fois n'est pas coutume, je vous recommande d'aller voir ce post sur le blog pas si dupes. Il est consacré aux "débats participatifs". La vidéo de Mouloud est hilarante, sur le thème "quelle est la différence entre un débat participatif et un débat ordinaire ?". Une bonne question, assurément, qui est suivie par deux vidéo également fort intéressantes. Que l'on choisisse de voter Ségolène ou pas, il faut les voir, pour cerner un peu mieux la personnalité de la candidate socialiste, et celle de son adversaire principal.

Bien entendu, aucun autre candidat n'est à l'abri, il faut donc prendre ces vidéos avec toute la mesure nécessaire.

Un doute emplumé


Simple question : pourquoi les informations fournies par le Canard Enchaîné sont-elles toujours considérées comme valables, par l'ensemble de la presse, des hommes politiques et des citoyens ? Si le Canard l'a dit, c'est que c'est vrai.

Mais c'est mal connaître le métier de journaliste. Dans toutes les rédactions, il y a des journalistes qui disposent de sources d'informations privilégiées et anonymes, qu'ils ne dévoilent pas même à leurs confrères ou à leur direction, afin de se donner des munitions. On ne licencie pas un journaliste qui a un bon carnet d'adresse, même s'il écrit médiocrement. Ses textes repasseront par le "desk" qui modifie, étoffe, corrige.

En réalité, ce qui est important c'est ce qui fait vendre. D'où la course à l'exclusivité, au scoop, à l'information inédite, qui pour tous les journaux viendra couronner le reste. Un reste qui se borne généralement à de l'accompagnement de l'actualité, voire à de doctes commentaires. Rien de palpitant. Ce qui fait vendre, donc, c'est "la couve", le gros titre percutant qui passera en couverture, avec si possible une photo ou un dessin explosif soigneusement choisi par le rédac'chef ou le directeur, à partir d'un choix proposé par l'icono.

Bref, tout cela procède simplement du marketing le plus banal. Un journal, ça se vend comme on vendrait des yaourts ou de la lessive, l'esprit en plus. Quand il y en a.

Le Canard Enchaîné ne fait pas exception à la règle, et son éditeur répond à des impératifs économiques. Ce n'est pas du bénévolat, c'est une entreprise qui doit gagner de l'argent.

Et ses journalistes tombent parfois, comme tous leur confrères, dans les panneaux de la désinformation, de l'information inventée, le plus souvent de l'info sans intérêt montée en épingle.

On se souvient de l'affaire des diamants de Giscard. Qu'en reste-t-il au regard de l'histoire ? Des cacahouètes. De plus, certaines sources (proches du régime de Bokassa à l'époque) plusieurs fois recoupée permettent d'affirmer que cette histoire n'avait aucun intérêt parce que les diamants en question n'avaient qu'une très faible valeur marchande. L'affaire à été montée de toutes pièces par le Canard Enchaîné.
Ce n'est qu'un exemple, mais il est concret : j'ai eu en main des preuves qui montraient que le Canard Enchaîné a menti. Pourquoi aurait-il changé ?

En réalité, il convient toujours de lire ce journal avec précautions, comme n'importe quel autre. Il n'y a pas plus de vérité absolue dans le Canard que dans Libé, le Figaro ou le Monde. Entre le désir de paraître de ses journalistes, et le désir de régler les comptes de ses sources, il y a matière à approximation. Bien sûr, ce n'est pas toujours le cas, et le Canard a parfois soulevé des lièvres qui sans lui seraient restés au fond de leur terrier. Mais de quelque bord qu'on soit, il n'est pas inutile de le lire avec du recul.

Par ailleurs, je déteste infiniment les contrepèteries de "l'album de la comtesse". Je n'en trouve jamais une seule.

PS: On pourra lire un billet intéressant écrit sur ce sujet sur le blog Pas si dupes, qui adopte il est vrai un ton militant très Sarkozien - pourquoi pas- mais qui a le mérite de mettre en exergue quelques errements du Canard. Et qui pose de vraies questions, à mon sens valables pour la gauche comme pour la droite. Ajoutons également, pour faire bonne mesure, le site bévues de presse qui donne une bonne représentation de ce qu'est véritablement le journalisme.

8.2.07

Langue de boa


En politique, la perfidie est chose normale. Ne nous voilons pas la face. Elle est d'ailleurs utilement secondée par l'art de parler pour ne rien dire, un art que Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal - pour ne citer qu'eux- maîtrisent fameusement. Il faut dire qu'avec ces satanés journalistes qui posent toujours les mêmes questions sans avoir planché sur le dossier, inutile de sortir l'artillerie lourde.

Citons, pour le plaisir, Ségolène Royal, en ouverture de l’Université d’Eté d’ATTAC à Poitiers en août dernier : « Dans cette période historique qui est la nôtre, où tant de choses sont à repenser et tant de manières d’agir à réinventer, je pense que le débat d’idées n’est pas un petit supplément d’âme plus ou moins ornemental mais une nécessité vitale pour mener les combats d’aujourd’hui. »

C'est beau. On dirait du Tocqueville.

La grande prêtresse


J'écoutais récemment, dans la voiture, un discours de Ségolène Royal. En perdant le fil des idées, concentré que j'étais sur la conduite, je me suis surpris à ne prêter attention qu'au rythme et à la musique des paroles. Il y avait, dans l'enregistrement, un léger écho qui évoquait une grande pièce vide, une église peut-être, ou un monastère.

Et le rythme des paroles de Ségolène, qui fonctionne sur une prosodie particulière, accentuait cette impression. L'accent est placé au début de la phrase et redescend progressivement. Ségolène Royal parle comme un orateur d'église : on se serait cru pour peu en pleine lecture d'une épître de Saint-Paul, à l'occasion du mariage d'une petite cousine éloignée.

Evidemment, face à la bête de scène qu'est Nicolas Sarkozy, la grande prêtresse du socialisme part battue. Mais la capacité d'un candidat à séduire les foules, ne fait pas une élection.

[edit] Nouvelle écoute d'un autre discours, un peu plus ancien, celui de Toulon. sur Dailymotion. C'est catastrophique. La diction est hésitante, elle lit péniblement son texte en tentant de l'articuler avec force, mais reste sur ce rythme de mère supérieure de couvent. C'est dommage, parce qu'elle est plutôt bonne dans les débats et les discussions en face-à-face. Son esprit incisif fait alors merveille. Mais quelle médiocre oratrice !

Le triste buzz de Julliard


Magie des réseaux, je reçois un email enjoué d'un ami de gauche, sous le titre "Enfin !!". Le contenu de ce message est une chronique signée Jacque Julliard dans le Nouvel Obs, sur le thème du " lynchage médiatico-politicien" dont Ségolène Royal serait la victime. Extrait :

"Sarko l'Américain - c'est ainsi qu'il aimait à se faire appeler naguère - a bien retenu l'une des pires leçons de la trash politic de là-bas. On met en place une cellule de crocheteurs pour fouiller par le menu la vie, la famille, les discours, les amours, les gestes de l'adversaire. Il faut le pilonner sans relâche, le concasser, le ridiculiser, l'avilir, au besoin le calomnier avec la lâche complaisance de la presse coprophage. Après ça, fustiger avec un toupet infernal la « campagne de caniveau » qui s'amorce. Prends-y garde, lecteur. Après quelques simagrées d'indépendance et de neutralité, les grands médias audiovisuels se sont rangés en ordre serré derrière Sarkozy. Leur acharnement anti-Ségolène donne la mesure exacte de leur servilité"

Il n'est pas surprenant que Jacque Julliard montre ainsi qu'il souhaite la victoire de la candidate socialiste. Il appartient à la gauche réformiste et se veut l'apôtre d'un socialisme libéral. Il est en revanche plus regrettable qu'il choisisse lui aussi d'utiliser les méthodes même qu'il dénonce, à savoir la désinformation basée sur l'à-peu-près. Tout le paragraphe cité ci-dessus fonctionne sur les ressorts de la calomnie - par exemple les prétendues enquêtes, dont il reste à prouver qu'elles ont bien été ordonnées- du ridicule et de l'avilissement. Ce n'est pas du journalisme.

Lorsque Julliard explique "quand le ministre de l'Intérieur est aussi candidat à la présidence, l'impartialité de l'Etat peut-elle être garantie ? La réponse est évidemment non. Certes, en 2002, Jacques Chirac et Lionel Jospin ont fait campagne sans démissionner de leurs fonctions, l'un à l'Elysée, l'autre à Matignon. Mais pas place Beauvau !", sa partialité dévote paraît évidente. Objectivement, pourquoi le ministre de l'intérieur devrait démissionner, et pas le premier ministre ? Curieuse conception de l'égalité.

Ce genre de procédé n'est pas nouveau chez Julliard. Dans "Le malheur français", publié en octobre 2005 chez Flammarion, le directeur délégué du Nouvel Obs multipliait déjà les approximations et les solutions faciles. La pensée Julliardinenne n'est guère passionnante, d'un point de vue historique pas plus qu'économique, parce que ce vieux briscard se contente de créer des partchworks d'idées anciennes, parfois contradictoires, auxquelles il parvient péniblement à donner les couleurs de la nouveauté.

Ségolène Royal dispose de suffisamment de qualités personnelles et politiques, qui lui ont permis de parvenir à la situation qu'elle occupe aujourd'hui, pour ne pas avoir besoin de cette basse servilité complaisante.

Et c'est ce qui m'ennuie dans l'email de mon ami sympathisant de gauche. Ce titre "Enfin!!" qui n'est pas de lui, puisque le message est un transfert de transfert de transfert, dégage quelque chose de pathétique. Lorsqu'on se sert d'arguments médiocre pour défendre son camp, on peut laisser croire que c'est parce qu'on a pas mieux.

Quel dommage.

5.2.07

Les indéqualifiables promesses de Julien Dray


Lu sur le site du Monde, les réactions de Julien Dray après la participation de Nicolas Sarkozy à la nouvelle émission de TF1. Le porte-parole du PS ne mâche pas ses mots. Mais que dit-il exactement ?

D'après Le Monde, "Sur le fond, il a jugé que si "M. Sarkozy dit vouloir revaloriser le travail", "on voit surtout qu'il veut dévaloriser et déqualifier travailleurs, chômeurs et retraités".

Comment peut-on déqualifier des retraités ? Et "chômeur", c'est une qualification ? Une profession ? Non, bien entendu : retraité et chômeur sont des statuts, c'est à dire des états de non-emploi qui ne peuvent pas être dévalorisés ni déqualifiés.

Dray va plus loin. "Au lieu de revaloriser les petites retraites, Nicolas Sarkozy invente les travailleurs-retraités pauvres; au lieu de créer massivement des emplois de qualité, il veut forcer les chômeurs à accepter des emplois déclassés et mal payés; au lieu d'augmenter les salaires, il fait croire aux salariés qu'ils pourront choisir de faire des heures supplémentaires, alors que seul l'employeur peut en imposer; au lieu de répondre à la précarisation de nombres de classes moyennes de plus en plus frappées de surendettement, il propose aux Français une dangereuse fuite en avant dans la vie à crédit", a-t-il déclaré.

On peut en conclure que le programme défendu par Julien Dray consisterait à revaloriser les petites retraites, à créer massivement (rien que ça) des emplois de qualité; à trouver du travail qualifié et bien payé à tous les chômeurs, à augmenter les salaires, à diminuer le rôle des crédits dans la vie des citoyens.

Superbe. Mais concrètement, comment financer toutes ces mesures ??

On le découvre quand on apprend que "Le porte-parole socialiste a accusé le candidat de l'UMP de s'être livré "de nouveau à une attaque en règle contre les 35 heures"."Exonérer les heures supplémentaires de cotisations sociales et d'impôt sur le revenu aurait pour seule conséquence de dissuader les entreprises d'embaucher, l'heure supplémentaire devenant moins chère pour l'entrepreneur que l'heure normale"

Julien Dray considère donc que les 35 heures sont un élément positif, mais surtout qu'éxonérer les entreprises de charges permettrait à celles-ci de s'engouffrer dans les failles du système. Pour lui, la clef du problème est là : pour financer les dépenses que les aménagements de M. Dray exigent, il suffit d'augmenter les charges et les impôts.

C'est bien ce que François Hollande pense, lui aussi.

Quid du déficit budgétaire permanent, qui permet de dépenser l'argent que nos petits-enfants à naître n'ont pas encore gagné ?? Et c'est le même Julien Dray qui parle avec des trémolos dans la voix, du surendettement des Français ! Rappelons que le remboursement de la dette publique (environ 1180 milliards d'euros) représente 20 % du budget de l'Etat, juste après l'éducation nationale, et que chaque Français est ainsi indirectement redevable de 19 000 €... que ses descendants auront à éponger.

S'ils y arrivent.

Alors oui, la politique c'est aussi faire des promesses dont on sait qu'on ne pourra pas les tenir, mais tout de même, Julien Dray fait preuve là d'une légèreté qui dépasse la démagogie normale de tout homme politique. Voilà un porte-parole qui devrait essayer d'oublier ses années passées à la Ligue Communiste Révolutionnaire, s'il veut un poste de ministre au cas ou Ségolène Royal serait élue.

D'ailleurs non, il sera de toute façon ministre si Ségolène est élue. Probablement à l'Intérieur. Et ça, vraiment, ce sera dur à avaler. Julien Dray place Beauveau.

C'est sûr, Sarkozy ne s'en relèverait pas.

2.2.07

Le bon, la brute et le truand


Nombreux sont les citoyens qui tiennent à exprimer leur voix, leur opinion par le biais d’internet, et qui le font avec force. Voilà qui est surprenant pour un peuple dont on souligne si souvent le désintérêt envers la politique. Désintérêt, lassitude, refus de croire aux promesses... C'est ce que l’on entend toujours entendu dire sur (et par) les Français. Pourtant la proximité des élections semble avoir réveillé bien des tempéraments. On parle désormais de politique un peu partout, un peu tout le temps alors que c'était plutôt mal vu il y a quelques mois. Est-ce un vent qui a tourné, ou une simple bourrasque passagère ? Tout penche pour la seconde hypothèse : déjà, lors du face-à-face Le Pen - Chirac d'il y a 5 ans, le pays tout entier avait retrouvé des couleurs politiques soudaines. Elles ont bien vite pâli. Seuls les scandales ou les enjeux importants arrivent à tirer le citoyen français de sa torpeur politique. La présidentielle en fait partie, et les français s'empoignent aujourd'hui à défendre l'un ou attaquer l'autre. Après les élections, ils auront de nouveau banni la politique de leur champ de préoccupations, en attendant les prochaines élections.

Un aspect surprenant de la mobilisation actuelle c’est qu'elle a lieu alors que les Français sont ignorants de la chose politique. Ils connaissent mal leur système politique et son organisation. Ils connaissent mal le principe de fonctionnement des partis, connaissent mal les candidats et les programmes.

Ainsi, nombre de Français estiment que le Sénat joue un rôle politique important, alors qu’il s’agit simplement d’une chambre d’enregistrement dépourvue de pouvoir, autre que celui donné par le gouvernement, dont le seul avantage est de placer d’anciens ministres à des postes confortables. Comme le dit pudiquement le site France Diplomatie, « il existe une sociologie de la vie politique française qui consiste, très souvent, pour d’anciens députés qui peuvent de surcroît avoir occupé des fonctions ministérielles, à souhaiter se faire élire au Sénat pour prolonger leur vie politique(…) ». Mais ceci est une autre histoire (on pourra se reporter à cet excellent article pour avoir un point de vue plus détaillé).

Pour se convaincre, donc, que les Français ont une manière bien particulière d’appréhender la chose politique on peut également essayer d’analyser les réactions sur les blogs ou sur les forums. Quelques exemples :

Nakata : "Attention, méfiez-vous, en 2007 il y a danger. Car l'un des candidats, en l'occurrence Sarkozy, est un vrai danger pour les principes qui fondent la république française. De part son anti-laïcisme, de part son atlantisme, de part son néolibéralisme, de part son communautarisme... Un danger pire que celui représenté par Le Pen, puisque le vieux para n'a aucune chance d'être élu, lui.."
Biloute : "Sarkozy, il a un bilan plus que contestable, des méthodes pas très chrétiennes (menaces.....),retourne sa veste comme une girouette dans une tornade, demago, traitre, assoiffé de pouvoir. Royal elle sonne faux ,elle a coté de la plaque, un peu trop BCBG a mon gout(cela ne regarde que moi),elle parle très mal."

Menard : BRAVO, SEGOLENE! Présidente à la TONY BLAIR! Du social mais de la rigueur et pas de démagogie, du respect pour la famille et les enfants,la seule valable avec
D.DE VILLEPIN mais il est out; d'être PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE,en 2007!
Solide comme une LORRAINE, constante, pas démagogique et "bûcheuse" comme les natifs de la Vierge! Eh oui, c'est dans ce signe, qu'il y a le plus de PRIX NOBEL! ALLEZ SEGOLENE !

Violaine : J'aime Ségolène depuis fort longtemps et sans avoir attendu la vague médiatique. Pour moi elle incarne à la fois une certaine forme de féminité et l'avenir d'un monde qui échappera aux violences de la guerre et du capitalisme sauvage sous l'action bénéfique de ce principe féminin. Elle est l'incarnation d'un symbole, un précédent sans précédent.
J'aimerais un jour pouvoir l'interroger sur l'avenir qu'elle envisagera pour la recherche.

Arrêtons-nous là ; car la liste serait trop longue. Que lit-on dans ces messages ?

D’abord, des opinions personnelles, qui ne reposent sur aucun fondement vérifiable (girouette, démago…) mais qui sont présentées comme des arguments solides, admissibles, pour tout dire quasi-scientifiques.

Pourtant ces opinions sont le plus souvent faites de généralités, pour ne pas dire de banalités, et pourraient souvent s’appliquer à n’importe quel candidat : démago, il faut précisément l’être si l’on veut remporter la bataille électorale, tous les candidats se doivent donc de l’être un petit peu. Quant à parler de rigueur, aucun candidat ne présente un programme consistant à jeter l’argent par les fenêtres.


Mais après tout, on a le droit d’avoir des opinions et de les exprimer. Là ou cela devient inquiétant, c’est lorsque l’on lit « j’aime Ségolène » (ou, vu ailleurs, « Sarko est le seul à pouvoir nous sauver »). On abandonne là le registre du factuel pour passer dans celui des émotions. Mais faut-il aimer un candidat ? Un président de la République peut-il sauver le pays, comme une Jeanne d’Arc moderne ? L’exemple le plus abouti de cette dérive se retrouve dans le troisième témoignage, celui de ce brave homme qui votera Ségolène en partie parce qu’elle est du signe de la Vierge .

L’astrologie au secours de la politique ? C’est pourtant vrai, comme le montre ce site qui indique que Ségolène Royal sera élue, et c'est prouvé grâce au diagramme de l’élection du président américain Jimmy Carter. Il est vrai qu’un autre site indique, lui que le thème astral de Ségolène Royal montre « deux influences, l'une pleinement positive qui agit sur son charme, son épanouissement affectif, et l'autre, terrible, symbolisant un conflit entre sa destinée et son inconscient, sapant son ambition actuelle, d'une façon terriblement intense. (…) Un astrologue ne peut, s'il est mis au pied du mur, qu'émettre de forts doutes sur la possibilité pour Ségolène ROYAL de gagner ces élections présidentielles. Il faut être prudent, mais il nous semble assez clair cependant que devenir Présidente de la République avec un carré Pluton Soleil au paroxysme de son activité pendant la période cruciale des votes, fin avril début mai 2007, avec de surcroît ce même Soleil natal aussi "fragile" car aspecté par Jupiter et Lune en dissonance, serait assez surprenant (…) ». Voilà de quoi rassurer Nicolas Sarkozy.


Même sur les sites des candidats, dans les forums, on ne trouve que des considérations générales et des points de vue invérifiables. Ici, on votera Ségolène parce qu’elle est une femme, là on votera Sarkozy parce qu’on croit en lui. Bref, les postiers voteront donc tous pour Besancenot, les gens de petite taille pour Sarkozy, et les féministes pour Ségolène.

En revanche, personne ne votera pour un candidat parce qu’il a des idées, parce qu’il a un programme, parce qu’il a une équipe de gens compétents qui le soutiennent, ou parce qu’il a agi dans le passé pour l’intérêt général.

Dans ces conditions, pourquoi organiser des élections ? On aurait mieux fait de mettre en place un numéro de téléphone surtaxé. Le bénéfice dégagé par les appels d’électeurs ; et les économies réalisées par la non-tenue d’élections auraient permis d’améliorer un peu le budget de l’Etat.

Et vous, pour quelles raisons votez-vous ?

1.2.07

Jack Lang en fait des tonnes


Jack Lang - LCI - Barbier


Ah les vieilles habitudes ! Ah le vieux renard ! Jack Lang, vieux hussard du socialisme, sert désormais de porte-parole à Ségolène Royal, en remplacement d'Arnaud Montebourd, "cartonjaunisé". Ce qu'on peut regretter, parce que dans l'équipe d'une candidate de cinquante ans, un porte parole du même âge c'est une bonne chose. De ce point de vue, l'éléphant du PS appartient plus au passé qu'à l'avenir, comme l'a démontré le choix des militants lors de la désignation du candidat socialiste.

Dans l'interview ci-dessus, on pourra voir à l'oeuvre toutes les ficelles de la politique politicienne. Certes, Sarkozy n'a rien à lui envier, mais il faut reconnaître à Jack Lang une habileté que le "jeune" candidat de la droite ne maïtrise pas aussi bien, faute d'expérience. Jack Lang a été à l'école de Mitterrand, un sommet absolu en matière d'habileté politique, et ses douze années à la tête de différents ministères auront achevé de polir le bonhomme.

Ecoutez-le, c'est superbe.

Y'a pas de débat



Vu sur Mon Oeil, un "débat" (si cela peut s'appeler comme ça) entre Mme Royal et M. Sarkozy. Amusant, le discours très "langue de bois" de l'un, et l'énervement de l'autre, avec en toile de fond un Charles Pasqua caricaturesque. Bon, d'accord, ça date de 1993.

(caricaturesque : se dit d'un personnage dont la bravitude paraît abracadabrantesque)

Bayrou se fait des cheveux blancs.


Janvier 1991, assemblée nationale. François Bayrou s'inquiète pour les coiffeurs, et demande au gouvernement de l'informer des facultes d'installation en France des ressortissants d'autres Etats de la CEE. Quelles sont donc les conditions d'acces a la profession de coiffeur, au regard de la traduction en droit interne (loi no 87-343 du 22 mai 1987) d'une directive europeenne en date du 19 juillet 1982. ? Hein ?

Le gouvernement répond sereinement que les européens peuvent s'installer en France s'ils ont pratiqué ce métier au moins 3 ans après une formation de 3 ans, ou s'ils ont pratiqué 6 ans.

Qu'en est-il du plombier polonais ? On ne s'en inquiète pas encore à cette époque reculée.

L'épineuse question du loto


Amusante question du député Nicolas Sarkozy au ministre de l'économie, des finances et du budget, sur la question des machines à valider les bulletins de loto en milieu rural, un important facteur de regroupement social selon le député, qui s'interroge publiquement à l'Assemblée Nationale en mai 1990. La réponse du ministère est probablement plus conforme à ce que la raison exige.


M. Sarkozy appelle l'attention de M le ministre d'Etat, ministre de l'economie, des finances et du budget, sur ses intentions de supprimer les points de validation de la societe France Loto dans les secteurs a faible zone de chalandise, c'est-a-dire les secteurs ruraux. Installees chez les petits commercants de proximite, dont l'activite recouvre outre le debit de tabac et boissons, le depot de pain, de presse et d'alimentation generale, les valideuses loto representent, en milieu rural, un facteur supplementaire d'animation et de regroupement social dont la rentabilite ne saurait se poser en seuls termes economiques. De plus, la suppression des valideuses loto chez les debitants des zones rurales penaliserait une population dont les centres d'interet et les loisirs sont deja infiniment moins diversifies qu'en milieu urbain. C'est pourquoi il lui demande si les craintes des populations concernees s'averent justifiees, de bien vouloir reconsiderer les criteres retenus pour la poursuite ou non de l'exploitation du loto.

Reponse. - (...). Sur ces 2 000 points de vente deficitaires, seulement 15 p 100 d'entre eux ont fait l'objet d'une decision de fermeture. Il s'agit de ceux qui realisent un montant d'enjeux inferieur a 6 000 francs, largement en deca du seuil de rentabilite. Pour les autres, France-Loto a invite les detaillants a examiner les moyens d'augmenter les enjeux. (...). Les suppressions de valideuses ne concernent donc pas seulement les zones rurales, mais egalement les zones urbaines. La perte de recettes pour les detaillants reste marginale : on ne peut pas soutenir que cette perte fasse peser une menace grave sur l'avenir du commerce de detail en France, d'autant que chaque valideuse retiree est destinee a etre installee dans un nouveau point de vente, la ou le montant des enjeux devrait etre plus eleve. Toutefois, il sera demande a France-Loto d'examiner tous les cas dignes d'un reel interet, notamment dans les zones rurales tres depeuplees, afin que des derogations puissent etre accordees lorsque la mesure prise par la societe aboutit a des consequences manifestement disproportionnees pour les usagers.