9.2.07

Un doute emplumé


Simple question : pourquoi les informations fournies par le Canard Enchaîné sont-elles toujours considérées comme valables, par l'ensemble de la presse, des hommes politiques et des citoyens ? Si le Canard l'a dit, c'est que c'est vrai.

Mais c'est mal connaître le métier de journaliste. Dans toutes les rédactions, il y a des journalistes qui disposent de sources d'informations privilégiées et anonymes, qu'ils ne dévoilent pas même à leurs confrères ou à leur direction, afin de se donner des munitions. On ne licencie pas un journaliste qui a un bon carnet d'adresse, même s'il écrit médiocrement. Ses textes repasseront par le "desk" qui modifie, étoffe, corrige.

En réalité, ce qui est important c'est ce qui fait vendre. D'où la course à l'exclusivité, au scoop, à l'information inédite, qui pour tous les journaux viendra couronner le reste. Un reste qui se borne généralement à de l'accompagnement de l'actualité, voire à de doctes commentaires. Rien de palpitant. Ce qui fait vendre, donc, c'est "la couve", le gros titre percutant qui passera en couverture, avec si possible une photo ou un dessin explosif soigneusement choisi par le rédac'chef ou le directeur, à partir d'un choix proposé par l'icono.

Bref, tout cela procède simplement du marketing le plus banal. Un journal, ça se vend comme on vendrait des yaourts ou de la lessive, l'esprit en plus. Quand il y en a.

Le Canard Enchaîné ne fait pas exception à la règle, et son éditeur répond à des impératifs économiques. Ce n'est pas du bénévolat, c'est une entreprise qui doit gagner de l'argent.

Et ses journalistes tombent parfois, comme tous leur confrères, dans les panneaux de la désinformation, de l'information inventée, le plus souvent de l'info sans intérêt montée en épingle.

On se souvient de l'affaire des diamants de Giscard. Qu'en reste-t-il au regard de l'histoire ? Des cacahouètes. De plus, certaines sources (proches du régime de Bokassa à l'époque) plusieurs fois recoupée permettent d'affirmer que cette histoire n'avait aucun intérêt parce que les diamants en question n'avaient qu'une très faible valeur marchande. L'affaire à été montée de toutes pièces par le Canard Enchaîné.
Ce n'est qu'un exemple, mais il est concret : j'ai eu en main des preuves qui montraient que le Canard Enchaîné a menti. Pourquoi aurait-il changé ?

En réalité, il convient toujours de lire ce journal avec précautions, comme n'importe quel autre. Il n'y a pas plus de vérité absolue dans le Canard que dans Libé, le Figaro ou le Monde. Entre le désir de paraître de ses journalistes, et le désir de régler les comptes de ses sources, il y a matière à approximation. Bien sûr, ce n'est pas toujours le cas, et le Canard a parfois soulevé des lièvres qui sans lui seraient restés au fond de leur terrier. Mais de quelque bord qu'on soit, il n'est pas inutile de le lire avec du recul.

Par ailleurs, je déteste infiniment les contrepèteries de "l'album de la comtesse". Je n'en trouve jamais une seule.

PS: On pourra lire un billet intéressant écrit sur ce sujet sur le blog Pas si dupes, qui adopte il est vrai un ton militant très Sarkozien - pourquoi pas- mais qui a le mérite de mettre en exergue quelques errements du Canard. Et qui pose de vraies questions, à mon sens valables pour la gauche comme pour la droite. Ajoutons également, pour faire bonne mesure, le site bévues de presse qui donne une bonne représentation de ce qu'est véritablement le journalisme.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

PaSiDupes me paraît moins Sarkozien qu'anti-ségolène: la candidate socialiste, il faut le dire, est particulièrement insupportable dans la manière et nuisible à la gauche sur le fond.

Lire PaSiDupes, comme je le fais, m'amène à penser que ce blog milite pour une politique et des médias moins tordus et plus respectueux des Français.

Votre blog me convient bien car il est plutôt formateur

Blops a dit…

Vous avez probablement raison. Je retire donc l'adjectif "sarkozien". Pas si Dupes a en tous cas le mérite d'être travaillé : c'est de la véritable rédaction, et non pas des avis écrits à la va-vite pour être jetés sur la toile.