24.1.07

Ségolène Royal, rupture ou continuité ?

De nombreux électeurs de gauche attendent de Mme Royal qu'elle incarne une rupture par rapport au septennat et au quinquennat de M. Chirac, qui ne laissera probablement pas une très grande trace dans l'histoire.
Les différentes polémiques qui émaillent la campagne électorale sont principalement axées sur les erreurs, les bourdes ou les petites phrases calamiteuses des uns et des autres. A cet égard, ce blog n'est pas une exception.

Mais l'analyse du passé des hommes politiques en dit bien plus. Et l'analyse du passé de Mme Royal met en lumière un fait évident : elle ne peut en aucun cas incarner la rupture.

Pourquoi ?
Tout simplement parce qu'elle est avant tout une technocrate.

Qu'est-ce qu'un technocrate ? C'est un responsable politique ou haut fonctionnaire qui fait passer les données techniques ou économiques avant les facteurs humains.

Madame Royal a été formée à l'Institut d'Etudes Politiques puis elle à fait l'Ecole Nationale d'Administration, dont elle est sortie en 1980, à une époque ou cette institution n'avait subi aucune des réformes qui ont essayé depuis- avec un très léger succès- de la mettre plus en phase avec la vie réelle.

C'est dire que la formation de Ségolène Royal est celle d'un "haut commis de l'état", qui a fait d'elle un administratif pur moulé selon les principes des années 50, pour être poli. Elle n'a pas de contact avec la réalité, elle ne sait pas ce que c'est que de travailler dans une entreprise, d'être syndiqué, d'avoir des horaires contraignants pour un salaire de fin de mois parfois précaire. Elle est installée à vie dans le circuit des administratifs, et s'est fait parachuter en politique pour avoir un avenir. Cela montre son ambition personnelle, parfaitement légitime.

Ségolène Royal fait partie d'une espèce en voie de disparition. L'espèce de ceux qui ont profité intelligemment d'un système d'éducation aujourd'hui obsolète, dont les élèves ne visent pas l'intérêt commun mais la perpétutation d'un status quo bien pratique pour eux, et qui sont en grande partie responsables de la situation de la France aujourd'hui.

Ségolène Royal est une personne de dossiers, d'études, de commissions. Comme en témoignent ses différents postes ministériels : elle n'a été véritablement ministre qu'une seule fois pendant moins d'un an. (il s'agissait d'un ministère à l'époque jugé mineur : celui de l'Environnement). Ses autres portefeuilles étaient des sous-portefeuilles de ministre délégué, c'est à dire d'adjoint, et encore une fois dans des ministères relativement mineurs en termes d'impact politique sur la nation (Famille, Enfance, Education..)

Pourquoi ses pairs, ceux qui la connaissent le mieux, ne l'ont-ils jamais considérés pour un poste de plus haut niveau ? Justice, Intérieur, Défense, Budget, ou même Premier Ministre ? Simplement parce qu'elle n'est pas un décideur, ni un stratège, encore moins une femme d'Etat au sens noble du terme; comme pouvaient l'être un Guy Mollet, un de Gaulle, un Jaurès, un Clémenceau : des personnages qui avaient une certaine idée du service de la nation et du peuple, qui avaient une foi dans la république.

Ségolène Royal n'a pas de foi, elle a des chiffres. Elle n'a pas de credo, mais des dossiers. C'est une gestionnaire, mais pas une Présidente.

Technocrate elle est, technocrate elle restera.
Lorsqu'elle se plonge dans un dossier, elle peut le faire avancer sur des points précis, avec la belle énergie d'une horloge franc-comtoise comme le font tous les énarques. Mais lorsqu'elle ne l'a pas étudié pendant des heures, et quels que soient les conseils que son entourage peut lui prodiguer, elle est perdue et tente d'écouter son instinct. Malheureusement, l'instinct ne s'apprend pas à l'ENA. D'ou les erreurs, approximations et bourdes qu'elle commet trop souvent.

La France ne peut plus se gouverner à grandes lectures de dossiers. La France a besoin d'un homme, d'une femme qui connaît le peuple, qui connaît sa réalité au quotidien, qui l'a déjà partagée. Ségolène Royal n'est pas celle-là.

Dommage. Beaucoup de citoyens auraient aimé qu'une femme soit Présidente de la République. Celle-là n'en a décidément pas l'envergure.


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