25.1.07

Quand François Hollande découvre la politique.



Repérée sur l'amusant blog j'aime pas les riches, cette vidéo de François Hollande lui permet de s'expliquer sur sa phrase "j'aime pas les riches" prononcée au cours d'une émission de télévision et largement relayée par internet .

Quelques perles, soulignées en bleu :

- Est-il vrai que vous n'aimez pas les riches ?
- François Hollande : Mais moi je n'en veux pas aux personnes. Ils ont le droit d'être riches, comme d'autres n'ont pas le droit d'être pauvres. Mais je pense qu'on ne peut pas aider les riches, comme on le fait aujourd'hui avec la politique fiscale des gouvernements Raffarin et Villepin, c'est-à-dire aboutir à ce que des baisses d'impôts puissent être accordées aux plus riches, ça je ne peux pas l'accepter. Ne pas aimer une politique fiscale ce n'est pas décourager les riches, c'est au contraire faire qu'il y ait une morale dans le pays qui soit respectueuse du travail. (...) [ndlr : la vidéo est coupée avant la question suivante, dans laquelle l'intervieweur tutoie désormais Hollande. C'est que le courant passe]

- Tu crains une campagne dure ?
- FH : Je crains une campagne non pas par des nouveaux moyens de technologie, c'est bien que ces blogs existent, mais qui soit une campagne de désinformation. On prend une phrase, on la détache de son contexte, on dit "ben vous voyez, il n'aime pas les riches". Remarquez je risque de ne pas me fâcher avec beaucoup de monde, si j'avais dit comme d'autres "je n'aime pas les pauvres" ça aurait été plus inquiétant, mais on prend une phrase, on la détache de son contexte, et puis on en fait un instrument de propagande qui devient progressivement force de vérité. C'est pour ça que c'est très important, nous, de démystifier, de montrer qu'il y a là comme une manipulation mais de ne pas tomber nous-même dans ce type de procédés, car je crois qu'on perdrait là notre propre nature.
(fin)

Il l'affirme bel et bien : François Hollande n'a jamais utilisé de petite phrase assassine, de propos détournés de leur contexte, de propagande. Un tel angélisme serait à saluer, s'il était crédible, mais aucun homme politique ne peut monter au sommet sans écraser ses concurrents. Les petites phrases sont une arme politique comme d'autres, qu'on soit de droite ou de gauche. Le pouvoir ne se conquiert pas avec des gants de soie, mais avec des gants de boxe. Et il le sait mieux que quiconque.

Mais ce qui est surtout à saluer dans les propos de Hollande, c'est la formulation. Son sens de la dialectique floue est sans pareil : il inverse les arguments avec la facilité d'un bateleur.
Le très logique Je suis socialiste > donc je ne veux pas aider les riches >donc je n'aime pas une politique fiscale qui les favorise >ce qui aboutira à une morale respectueuse du travail devient un imbroglio de concepts qui se veut rassembleur "j'aime les pauvres, les riches et le travail".

A preuve, dans la partie de l'interview qui n'est pas retranscrite ici, Hollande évoque les patrons qui s'enrichissent "sur le dos de leur société,actionnaires comme salariés" et tente ainsi de rassembler à la fois les salariés chers à Arlette, et les bourgeois capitalistes qui détiennent des actions.

Ne parlons évidemment pas de cette magnifique phrase sur les riches, les non-pauvres, les pas-ayant droit et la double négation du contraire de tout.

Tout cela est inquiétant, à la fois pour les riches (dont il fait partie) et pour les pauvres (dont je fais partie).

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