9.5.07

Gauche ou droite ?

Un ami concerné par la chose politique m'envoie un mail qui se termine par ces mots :
"
C'est un juste combat de gauche que de vouloir assurer la sécurité matérielle de l'ensemble de l'humanité dans la perspective d'un développement durable. C'est également un juste combat de gauche que d'affirmer qu'une fois la sécurité matérielle assurée, le bonheur de l'homme se situe avant tout dans la richesse de ses échanges sociaux."

Cette phrase m'a fait sursauter (c'est tout de même plus élégant que de bondir). Et attire les commentaires ci-dessous.

Je ne vois pas l'utilité de rajouter "de gauche". Je pense pour ma part que c'est un juste combat pour l'homme tout simplement que de vouloir assurer la sécurité matérielle de l'ensemble de l'humanité dans la perspective d'un développement durable, je pense aussi que c'est un juste combat pour l'homme que d'affirmer qu'une fois la sécurité matérielle assurée, le bonheur de l'homme se situe avant tout dans la richesse de ses échanges sociaux.

Pour être tout à fait sincère, la notion "de droite", aisément assimilée soit à "grand capitalisme prédateur" soit à "conservateur réactionnaire et nationaliste" et la notion de gauche assimilée à "socialiste humaniste" voire à "fainéant assisté" me paraissent toutes deux sans objet, mais elles ont pour conséquence regrettable d'établir des cloisons artificielles entre les hommes.

Je pense qu'il existe une alternative à cette pensée dichotomique ( dont la psychologie nous dit qu'elle consiste à percevoir les situations à partir de catégories mutuellement exclusives sans aucune nuance entre les deux) et que cette alternative consiste, précisément, à évaluer les différentes zones de gris qui existent entre le blanc et le noir, pour se tracer une ligne de conduite mesurée et nuancée.

Les combats cités, que je partage, ne sont pas selon moi l'apanage de la gauche. Le libéralisme n'est pas l'apanage de la droite. D'ailleurs, les radicaux et les socialistes ont longtemps été libéraux. Lisez donc cet article daté de 2002 sur http://www.istravail.com/article89.html , qui donne une lecture ou un rafraîchissement utile. Je vous en livre ci-dessous un extrait, mais à mon humble avis l'ensemble vaut le détour :

"Vérité au delà de 1936, erreur en deçà : jusqu’en 1936, la gauche a été libérale, elle l’a été en matière politique et elle l’a été en matière économique. Les radicaux ont bataillé farouchement pour empêcher les socialistes d’introduire la nationalisation dans le programme du Front populaire et il est vraisemblable que, même sans l’aide des communistes, ils y seraient également parvenus, car ils en faisaient une condition sine qua non du contrat électoral qu’on les invitait de conclure avec la SFIO et le PCF.

Toute la politique sociale de la Troisième République, depuis la loi syndicale de 1884 jusqu’à celles des assurances sociales en 1928-1930, des allocations familiales en 1932 a été l’œuvre de gouvernements et de majorités se réclamant de l’économie libérale, ceux qui ont mis le point final aux lois sur les assurances nationales, étant d’ailleurs des libéraux de droite puisqu’ils avaient pour nom Raymond Poincaré et André Tardieu, Pierre Laval aussi, même si son nom n’est pas aussi démonstratif, puisqu’il avait fait ses premières classes politiques dans le syndicalisme révolutionnaire et qu’il avait même été un temps l’avocat de la CGT. "


Je ne me sens donc pas de gauche, mais je suis concerné par le sort des autres, et pas exclusivement à l'intérieur de nos frontières, raison pour laquelle je me suis heurté la semaine dernière à mon beau-frère "de gauche" qui estimait que les délocalisations sont un scandale et qu'il faudrait réinstaurer le protectionnisme. C'est pour moi une pensée réactionnaire et conservatrice, qui montre surtout une grande méconnaissance des mécanismes économiques mondiaux.

Le même beau-frère en parlant des "patrons" y allait largement en les mettant tous dans un même sac, celui d'EADS qui a touché des millions d'euros en golden parachute, en tête, devant les patrons de PME, tous des ordures de capitalistes bien entendu. Tiens, un chiffre pour la route : saviez-vous que chez Renault, les voitures, 62 % des salariés sont situés à l'étranger ? C'est scandaleux, sauf que l'ancienne régie réalise aussi 66% de son chiffre d'affaires à l'international. Bien sûr, les même généralisations hâtives se retrouvent "à droite" avec tous les assistés et les fainéants qui ne veulent pas travailler. Tout ça, maintenant que j'y pense, c'est la faute à l'euro.

Mais je ne me sens pas de droite non plus. La poursuite du profit, l'enrichissement ad nauseam ne m'inspirent pas grand-chose, si ce n'est de rejoindre Marx et l'internationale socialiste qui les décrivent comme des "idéaux petit-bourgeois". Que de petit-bourgeois autour de nous, et même en nous !

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